par Leika Kihara et Tetsushi Kajimoto
TOKYO (Reuters) - Après deux trimestres consécutifs de contraction, l'économie japonaise a rebondi dans les trois derniers mois de 2014, mais moins que prévu, les dépenses des ménages et des entreprises se révélant décevantes.
Le produit intérieur brut a crû de 2,2% en rythme annualisé sur le trimestre d'octobre à décembre, selon les statistiques gouvernementales publiées lundi.
Cette première estimation de la hausse du PIB fait suite à une contraction de 2,3% au troisième trimestre 2014, quand l'économie souffrait encore de la hausse de la TVA.
L'expansion du PIB est cependant moins forte que n'escomptaient les économistes interrogés par Reuters, dont la médiane des estimations s'établissait à +3,7%.
De trimestre à trimestre, le PIB s'est accru de 0,6% sur la période.
Commentant les statistiques, le ministre de l'Economie Akira Amari a déclaré à la presse que l'économie était en voie de se reprendre, avec des signes d'amélioration du moral des ménages.
Mais des analystes font la fine bouche devant le faible rebond de la consommation et de l'investissement. "Ce sont des chiffres plutôt décevants", déclare Takeshi Minami, économiste en chef à l'institut de recherche Norinchukin.
"La situation reste faible et les entreprises reportent clairement leurs investissements."
LA BOJ SE RÉUNIT
La sortie de la récession devrait cependant permettre à la Banque du Japon (BOJ) de geler pour l'instant son programme monétaire incitatif même si son objectif d'inflation à 2% s'est encore éloigné avec la chute des prix du pétrole.
"La BOJ devrait maintenir sa politique monétaire inchangée pendant un moment pour observer l'impact du dernier assouplissement quantitatif", prédit Taro Saito, directeur des recherches économiques à l'institut NLI.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré lundi espérer que la banque centrale japonaise poursuive sa politique d'assouplissement monétaire.
Dans un discours au Parlement, il a salué le programme de relance de la Banque du Japon qui contribue à stimuler l'économie et à se défaire de la "mentalité déflationniste" qui prédomine dans le pays.
"J'espère que la Banque du Japon va continuer à mener une politique audacieuse d'assouplissement monétaire pour atteindre (l'objectif de) 2% d'inflation", a déclaré Shinzo Abe.
Le Premier ministre japonais a déclaré qu'il voyait des signes de redressement économique, dont une amélioration de la confiance des consommateurs.
"Nous veillons à ce que les salaires continuent d'augmenter cette année et la suivante, de sorte que la douce brise de la reprise souffle à travers l'ensemble du pays", a-t-il ajouté.
Les chiffres de la croissance devraient être scrutés de près lors de la réunion de deux jours de la BOJ, mardi et mercredi.
Dans le détail, la demande externe a ajouté 0,2 point de pourcentage à la croissance du trimestre d'octobre à décembre, grâce à des exportations robustes vers la Chine et les Etats-Unis, les deux principaux marchés extérieurs des entreprises nippones.
Mais la consommation des ménages, qui représente environ 60% du PIB, a augmenté de 0,3% au dernier trimestre alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,7%.
L'investissement n'a augmenté que de 0,1% après deux trimestres consécutifs de baisse, ce qui suggère que la politique de la planche à billets pratiquée par la banque centrale n'incite que moyennement les sociétés à investir.
(Jean-Stéphane Brosse et Claude Chendjou pour le service français)