L'Argentine trouve un accord avec le Club de Paris sur sa dette

Publié le 29/05/2014 15:35
L'Argentine trouve un accord avec le Club de Paris sur sa dette

L'Argentine a fait un pas vers la normalisation de ses relations avec les investisseurs internationaux, en trouvant jeudi un accord avec les pays du Club de Paris pour apurer les arriérés de sa dette.

"Les représentants des créanciers du Club de Paris et du gouvernement de la République Argentine (...) sont parvenus à un accord d'apurement de la dette en arriérés due aux créanciers du Club de Paris, sur une période de cinq ans", annonce dans un communiqué le Club. Le stock d'arriérés s'élève à 9,7 milliards de dollars (environ 7,1 milliards d'euros).

"Les créanciers du Club de Paris se félicitent des progrès réalisés par la République Argentine vers une normalisation de ses relations avec ses créanciers, la communauté et les institutions financières internationales, suite à la crise de 2001" quand le pays s'était retrouvé en défaut de paiement, selon le communiqué.

D'autant que la situation financière actuelle de l'Argentine est précaire en raison de la tendance à l'érosion de ses réserves de change, et qu'un afflux d'investissements étrangers pourrait lui être profitable.

Les créanciers et le pays débiteur étaient réunis depuis mercredi au ministère des Finances français, qui héberge le Club créé en 1956 et qui regroupe les créanciers industrialisés.

L'Argentine paiera au minimum 1,150 milliard de dollars d'ici mai 2015 et le paiement suivant ne sera pas exigé avant mai 2016.

Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a salué dans un communiqué cet accord, qui "illustre la capacité du Club de Paris à résoudre des situations difficiles d'endettement et à accompagner les pays concernés pour retrouver le chemin de la croissance et de l'investissement".

- "Stabilité et prévisibilité" -

Cet accord vient s'inscrire et renforcer la stratégie de l'Argentine vers "la stabilité et la prévisibilité", deux éléments très importants pour les investisseurs étrangers, a également estimé Laurence Allan, chef de la division d'analyse des risques Amérique latine du cabinet britannique IHS.

"C'est un accélérateur important pour la crédibilité" de l'Argentine, a-t-il dit à l'AFP, tempérant toutefois en ajoutant qu'investisseurs et observateurs "attendent des preuves", soit un paiement effectif.

Le Club de Paris juge en effet que "la réalisation d'une paiement initial (...) est une étape nécessaire et importante pour la normalisation des relations financières entre les créanciers du Club de Paris et l’Argentine". Celle-ci était représentée aux négociations par le ministre de l'Economie, Axel Kicillof.

Pour les analystes de Capital Economics, l'accord est une étape positive, même si "en lui même, l'accord ne changera pas grand chose".

"C'est un nouveau pas positif du gouvernement depuis janvier, quand les autorités ont décidé d'une approche plus orthodoxe de leur politique pour faire face à la baisse rapide des réserves de change".

Un des autres signaux importants envoyés aux investisseurs fut le règlement du litige avec le groupe pétrolier espagnol Repsol. Buenos Aires a versé début mai plus de 5 milliards de dollars de bons du Trésor pour régler son expropriation hors du groupe argentin YPF.

"Ce fut un signal positif très important", estime M. Allan, qui insiste sur l'importance pour l'Argentine d'attirer des investisseurs pour financer l'exploitation de ses importantes réserves d'hydrocarbure.

Dirigée depuis 2007 par Cristina Kirchner, l'Argentine avait annoncé en 2008 vouloir payer la dette héritée de la crise de 2001.

Depuis dix ans, après avoir renégocié un passif de près de 100 milliards de dollars et obtenu des remises de dette de l'ordre de 70% de la part des créanciers, l'Argentine a soldé 93% de sa dette.

Selon la presse argentine, Buenos Aires est parvenue à éviter que le Fonds monétaire international soit partie prenante à l'accord, comme semblaient l'exiger certains pays créanciers, notamment le Japon et l'Allemagne.

L'Argentine est en froid avec l'organisme multilatéral car elle le tient pour partie responsable de la faillite de 2001 et refuse que des équipes du Fonds évaluent en détail sa politique économique.

Et il y a encore une ombre au tableau. Le gouvernement fait toujours face à des procédures judiciaires lancées par des fonds spéculatifs américains, dits "fonds-vautours", qui refusent toute restructuration. Une prochaine étape de ce conflit doit avoir lieu le 12 juin devant la Cour suprême des Etats-Unis.

En cas de décision défavorable à Buenos Aires, "cela pourrait pousser l'Argentine vers le défaut de paiement technique", juge Capital Economics.

Pour M. Allan "toute décision américaine aura beaucoup plus d'impact que l'accord" avec le Club de Paris. Mais cet accord "aidera l'Argentine à plaider le fait qu'ils ne sont pas un gouvernement qui considère normal de ne pas payer ses dettes".

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