La baisse du chômage de fin 2017 était trop belle: le taux de l'Insee est reparti à la hausse au 1er trimestre, pour s'établir à 9,2% en France entière, symbole d'une reprise qui ralentit légèrement.
Grâce à une décrue d'une ampleur inhabituelle (-0,6 point), l'indicateur s'était établi à 9,0% (chiffre révisé à la hausse) de la population active au 4e trimestre 2017, soit son plus bas niveau depuis début 2009. Mais l'Insee s'attendait, dans une note de conjoncture publiée en mars, à une légère correction de janvier à mars.
C'est désormais chose faite.
Le taux de chômage, mesuré par l'Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est remonté de 0,2 point au 1er trimestre. Il est même en hausse de 0,3 point sur la seule métropole, où il reste tout de même sous la barre des 9%, à 8,9%.
Ces évolutions trimestrielles sont toutefois à analyser avec prudence, car elles se situent dans la marge d'erreur de l'indicateur (+/-0,3 pt).
La hausse trimestrielle a touché toutes les classes d'âges, les taux de chômage des jeunes (15-24 ans) et des seniors (50 ans et plus) ayant tout deux augmenté de 0,1 point, respectivement à 21,4% et 6,5%.
Sur un an, le taux de chômage reste, malgré tout, en baisse de 0,4 point, avec ou sans les Outre-mer.
Au total, l'Insee a comptabilisé en France entière 2,75 millions de chômeurs en moyenne au 1er trimestre en France entière, soit une hausse de 83.000 (+3,1%) sur trois mois et une baisse de 79.000 (-2,8%) sur 12 mois.
- "Contrecoup" -
Une fois n'est pas coutume, la tendance enregistrée par l'Insee est moins bonne que celle observée par l'autre thermomètre du chômage, celui de Pôle emploi. Au 1er trimestre, l'opérateur a connu une baisse du nombre de chômeurs inscrits sur ses listes (-32.100, -0,9%). Au cumul, l'indicateur de Pôle emploi reste cependant nettement plus élevé que celui de l'Insee, puisqu'il comptabilise 3,70 millions de chômeurs, soit près d'un million de plus.
Les deux indicateurs étaient pourtant calés pour la première fois sur une même périodicité, les chiffres de Pôle emploi étant devenus trimestriels.
Ces deux thermomètres du chômage divergent souvent car ils ne mesurent pas le phénomène de la même manière: l'Insee, dont l'indicateur est utilisé pour les comparaisons internationales, réalise une enquête auprès de 110.000 personnes, tandis que Pôle emploi publie le nombre de personnes inscrites sur ses listes.
Sur le premier trimestre, les chiffres de l'Insee sont à l'image d'un marché du travail qui marque le pas dans un contexte de reprise.
Après avoir atteint 2,2% en 2017, son plus haut niveau depuis 10 ans, la croissance économique a fortement ralenti au 1er trimestre, retombant à 0,3%, contre 0,7% au trimestre précédent. Parallèlement, les créations d'emplois salariés dans le secteur privé, bien que toujours dynamiques (+57.900, +0,3%), ont connu un léger ralentissement au 1er trimestre.
La semaine dernière, l'Elysée relativisait ces chiffres en demi-teinte, y voyant "un contrecoup d'une fin d'année particulièrement dynamique".
Ce mercredi, le panorama dressé par l'Insee n'est pas tout noir.
Ainsi, malgré la hausse du taux de chômage, le chômage de longue durée est en légère baisse (-0,1 pt), à 3,6% de la population active. Au 1er trimestre en métropole, 1,06 million de chômeurs recherchaient du travail depuis au moins un an.
Par ailleurs, le "halo autour du chômage" a lui aussi baissé. Ces personnes souhaitant travailler, mais pas comptabilisées parce qu'elles ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles immédiatement, étaient 1,48 million au 1er trimestre, soit 22.000 de moins que fin 2017.