BERLIN (Reuters) - L'économie allemande a stagné sur les trois derniers mois de 2019 en raison d'un ralentissement de la consommation privée comme de la dépense publique, montre vendredi la première estimation du produit intérieur brut (PIB), qui ravive les craintes de récession.
La première économie d'Europe souffre depuis plusieurs trimestres déjà des difficultés de ses industriels, pénalisés à la fois par les tensions commerciales internationales et la restructuration en cours du secteur automobile avec le virage vers la motorisation électrique.
La consommation privée et la dépense publique ont un temps compensé le ralentissement industriel mais elles montrent désormais des signes de faiblesse qui pourraient conduire à une contraction de l'activité globale.
"Nous pensons que l'économie continuera de flirter avec la récession au premier semestre de cette année", commente ainsi Andrew Kenningham dans une note.
L'un des rares points positifs des chiffres publiés vendredi est la révision à la hausse de la croissance du troisième trimestre, à 0,2% contre 0,1% auparavant.
Destatis, l'institut fédéral de la statistique, précise que l'investissement dans la construction a augmenté au quatrième trimestre alors que les dépenses d'équipement industriel chutaient et que les exportations reculaient.
Ces évolutions pourraient accroître la pression sur le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui a jusqu'à présent résisté aux appels en faveur d'une relance budgétaire. Des appels qui risquent de redoubler si l'épidémie de coronavirus retarde le rebond de l'activité.
LE CONTEXTE POLITIQUE PEU PROPICE À UNE RELANCE
Le climat politique est cependant peu propice à un virage expansionniste puisque l'Union chrétienne démocrate (CDU), principale composante de la coalition gouvernementale, est en crise après la décision d'Annegret Kramp-Karrenbauer, sa présidente, à briguer le poste de chancelière lors des élections fédérales prévues à l'automne 2021.
Pour la DIHK, la fédération des chambres de commerce et d'industrie allemandes, la stagnation du PIB sur octobre-décembre souligne pourtant la nécessité de favoriser l'investissement et d'alléger la fiscalité des entreprises.
"Il est temps désormais que les responsables politiques de ce pays aient le courage de faire leur devoir économique", a déclaré son directeur général, Martin Wansleben.
"Les entreprises ont besoin en urgence de signaux rassurants: la mise en oeuvre rapide des projets d'investissement et des allègements fiscaux devraient figurer en tête de l'ordre du jour gouvernemental."
En rythme annuel, le PIB allemand affiche une croissance de 0,4% sur les trois derniers mois de 2019 après +0,6% sur les trois précédents en données ajustées des variations saisonnières.
Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance de 0,1% du PIB d'un trimestre sur l'autre et de 0,4% sur un an.
(Joseph Nasr, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)