Les Fralib obtiennent 20 millions d'euros pour leur coopérative

Publié le 27/05/2014 20:55
Les Fralib obtiennent 20 millions d'euros pour leur coopérative

Jour de joie pour les 76 salariés de l'usine de thés et d'infusions Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), qui viennent d'obtenir 20 millions d'euros de la multinationale Unilever pour la création d'une coopérative et ainsi sauver leur emploi.

Mardi matin, massés dans l'usine qu'ils occupent depuis septembre 2012, ces salariés ont entonné l'Internationale, au milieu de leurs machines, à la fin d'une conférence de presse annonçant la signature d'un accord de fin de conflit. Sur leur T-shirt blanc aux inscriptions rouges, on pouvait lire un résumé de leur aventure: "1336 jours de lutte des Fralib. Scop-Ti c'est parti". Scop-Ti, c'est la coopérative ouvrière que cette manne va leur permettre enfin de lancer.

- Des 'périodes difficiles' -

"On a connu des périodes difficiles", confesse le représentant CGT Olivier Leberquier se remémorant trois ans et demi de bataille contre le groupe anglo-néerlandais, qui avait décidé de délocaliser en Pologne la production des thés Lipton et des infusions de l'Elephant, une marque créée en 1896 à Marseille.

"Le site comptait 182 salariés et produisait 3.000 tonnes avant sa fermeture", lance le syndicaliste. "Nous, à partir de 1.000 tonnes, on sera profitable", assure-t-il sur la foi d'une étude présentée il y a quelques mois au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

"Jamais depuis 2010 (l'annonce de fermeture, NDLR) nous n'avons discuté d'argent, nous voulions avant tout préserver nos emplois", affirme Gérard Cazorla, le secrétaire CGT du CE, soulignant que les 100.000 euros accordés aux salariés restant dans l'entreprise "ont été obtenus dignement".

Détaillant l'accord de fin de conflit, d'un montant total de 19,26 millions d'euros, le syndicaliste précise qu'il prévoit notamment "300.000 euros pour la remise en marche du matériel, 250.000 euros pour investir dans de nouvelles technologies, 1,520 million d'euros pour les fonds de roulement de la Scop, 200.000 pour le recrutement de cadres notamment un directeur commercial, 50.000 euros pour des études marketing et en particulier la création d'une marque, et 500.000 euros pour la formation des salariés."

Pour Thierry Pettavino, secrétaire fédéral de la CGT des Bouches-du-Rhône, cette issue "doit donner de l'espoir à tous ceux qui luttent pour la sauvegarde de leur emploi". Depuis plus de trois ans, les Fralib sont de toutes les manifestations, promenant leur mascotte, un gigantesque éléphant en papier mâché, et sont devenus un symbole de la lutte contre les délocalisations.

- Affrontement judiciaire -

Mardi, Unilever France s'est contenté d'indiquer dans un bref communiqué que l'accord signé lundi, "met un terme à l'ensemble des litiges et procédures en cours entre les deux parties, dans le cadre de la fermeture du site de Gémenos intervenue en septembre 2012".

Car depuis cette date, les salariés ont occupé l'usine, jour et nuit, résistant à plusieurs tentatives d'expulsion, assurant des tours de garde pendant les vacances par crainte d'un déménagement des machines. Mais, ils ont également porté leur lutte sur le terrain judiciaire, faisant annuler trois plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) consécutifs.

"L'action judiciaire ne peut remplacer la mobilisation des salariés", a lancé l'avocat de ces derniers, Me Amine Ghenim, qui a dû ferrailler dans une trentaine de procédures croisées.

Même constat de la part d'Olivier Leberquier, qui explique que "l'accord a été arraché" en menant de front une bataille judiciaire et sociale, avec en ligne de mire un projet local de poursuite de l'activité.

Alors que pendant trois ans les discussions étaient au point mort, Unilever France a renoué le dialogue il y a six mois. Selon le syndicaliste, ce changement pourrait avoir été motivé par la condamnation en octobre du groupe à une astreinte de 3.000 à 10.000 euros par jour s'il ne reprenait pas les discussions sur un 4e PSE.

"Au bout de presque quatre ans de conflit, il était nécessaire de trouver une issue qui permette à chacun de poursuivre sa route de manière indépendante", a justifié pour sa part le porte-parole de la direction, Sophie Jayet.

Les représentants des salariés, comme plusieurs de leurs camarades, vont s'accorder de courtes vacances, le temps du pont de l'Ascension, avant de plancher sur la création de la coopérative, qui devrait voir le jour, "avant la fin de l'année", espèrent-ils.

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