La crise semble bel et bien passée en France, sur le secteur de la construction de logements neufs, dont l'embellie se poursuit et s'étend, à la faveur de taux de crédit immobilier toujours plus bas et d'aides publiques plus favorables.
Selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement, les mises en chantier de logements neufs ont progressé de 3,8%, à 86.200, sur la période allant de mars à mai, comparé à un an plus tôt.
De leur côté, les permis de construire, annonciateurs des constructions futures, ont bondi de 12,1% en un an, à 99.600, à la même période.
Pour la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Alexandra François-Cuxac, "les chiffres du mois de mai sont encourageants et l'embellie engagée d'abord par le (secteur du logement, ndlr) collectif, s'étend progressivement aux autres segments du marché immobilier neuf".
Ainsi à fin mai, pour le deuxième mois consécutif, "tous les secteurs de la construction neuve" progressent au niveau des autorisations de construire, note la FPI: logements collectifs (+10,2%), logements individuels purs (maisons individuelles +8,4%), logements individuels groupés (maisons en lotissement +16,4%), logements en résidences (+35,3%).
"Pour autant, la progression des autorisations comme des mises en chantier en collectif restent sensiblement en-deçà de celle des ventes", souligne Mme François-Cuxac. Ce décalage témoigne, selon elle, "d'un retour progressif à la normalisation, et des difficultés structurelles que rencontrent les promoteurs pour produire".
Pour le ministère du Logement, ces chiffres "confortent encore davantage la tendance positive observée depuis plus d'un an".
Pour l'heure, la plupart des indicateurs sont au vert, en particulier les "conditions exceptionnelles" pour souscrire un emprunt immobilier, avec des taux de crédit à 1,80% en moyenne en mai. C'est là "un véritable aimant" pour les ménages désireux d'acheter un logement, estime Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture chez Xerfi.
- Improbable "remontée brutale" des taux -
"Jamais depuis la Libération, les taux d'intérêt fixes n'étaient tombés aussi bas", souligne-t-il. Or "à court terme, difficile de croire que la machine va s'enrayer car les coûts des emprunts pourraient encore baisser".
Les taux immobiliers dépendent "de ceux auxquels se refinancent les Etats, et comme la BCE continue sa politique expansionniste cela écarte tout risque de remontée brutale", note l'économiste.
"Une chose est sûre: la demande liée à l'accession à la propriété ne fera pas défaut cette année", conclut-il.
La construction de logements neufs bénéficie depuis le 1er janvier d'une distribution plus large, par l'Etat, du Prêt à taux zéro (PTZ). Celui-ci peut atteindre 40% de l'emprunt immobilier, ce qui permet à un plus grand nombre de ménages de devenir propriétaires.
Et du point de vue des investisseurs, aidés par le dispositif de défiscalisation Pinel, "l'attrait pour la pierre se trouve renforcé depuis le début de l'année par les déboires et la forte volatilité du marché des actions, tout comme par la faiblesse des rendements des placements alternatifs comme l'assurance-vie", souligne Xerfi.
Durant la période de douze mois achevée fin mai, les mises en chantier progressent de 5,2%, pour s'établir à 355.600.
Quant aux permis de construire, ils augmentent davantage, de 9,9% sur les mêmes 12 mois, à 402.900.
Par région, c'est en Ile-de-France que la construction est repartie le plus fort, avec des logements commencés en hausse de 26,1% sur les 12 mois achevés à fin mai. Suivent la Corse (+21,6%), la Bretagne (+11%) et les Pays de la Loire (+8,6%).
En revanche, d'autres régions affichent des mises en chantiers en recul, telles le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (-15,6%), l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (-6,9%) ou la Normandie (-5,3%).
En ce qui concerne les permis de construire, hormis la Corse (+102,9%), les régions les plus dynamiques sur les 12 derniers mois sont la Bretagne (+26,1%), l'Ile-de-France (+22,2%) et la Provence-Alpes-Côte d'Azur (+17,6%).