La Bourse de Paris a signé vendredi sa 10e séance consécutive de baisse, du jamais vu depuis la création du CAC 40 en 1987, plombée par la crise de la dette et les inquiétudes sur l'économie mondiale que les chiffres de l'emploi américain n'ont pas réussi à dissiper.
Le CAC 40 a cédé 41,79 points (-1,26%) à 3.278,56 points, un nouveau plus bas depuis le 13 juillet 2009, dans un volume d'échanges particulièrement fourni à 7,396 milliards d'euros qui témoigne des tensions inhabituelles sur les marchés.
Les chiffres tombés des Etats-Unis, avec un bond des créations d'emplois aux Etats-Unis en juillet (à 117.000 contre 46.000 le mois précédent) et un taux de chômage en baisse de 0,1 point à 9,1%, se sont révélés meilleurs que prévu par les analystes, qui tablaient sur 85.000 créations d'emploi.
Pour autant, ils n'ont pas rassuré le marché plus de quelques minutes. "Les créations d'emploi restent faibles et tous les risques n'ont pas disparu" sur l'état de santé de la première économie mondiale, souligne Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.
Les investisseurs craignent surtout que la crise de la dette en zone euro --notamment en Grèce-- frappe désormais de grands pays comme l'Italie et l'Espagne, troisième et quatrième économies de l'Union monétaire, faute de mesures de nature à apaiser durablement les tensions.
Pour tenter d'éteindre l'incendie qui consume les marchés depuis plusieurs jours, les dirigeants européens se sont mobilisés.
Revenu exprès de vacances, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a estimé que Rome et Madrid ne devraient pas avoir besoin de plan d'aide, au regard de leurs fondamentaux économiques.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s'est entretenu au téléphone avec son homologue espagnol José Luis Zapatero et le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, mais aucune précision n'a été donnée sur la teneur de ces entretiens.
"Devant l'ampleur de la tornade qui s'abat sur les marchés, il serait judicieux que les politiques montrent un signe fort et ramènent un peu de calme et de raison chez des investisseurs déboussolés", commente Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets France.
Les analystes se montrent pessimistes quant à un rebond rapide et durable des marchés, en l'absence durant la période estivale de catalyseurs susceptibles de les rassurer.
"La baisse risque de se poursuivre jusqu’à ce que des éléments susceptibles de raffermir la confiance se matérialisent. Nous ne les attendons pas avant septembre au mieux", font valoir dans une note François Duhen et Benoît Rodriguez, du Crédit Mutuel-CIC Securities.
Le secteur de l'énergie a particulièrement souffert des craintes de rechute de l'économie mondiale. Total, première capitalisation de l'indice, a cédé 3,04% à 34,23 euros et Technip 3,34% à 62,44 euros.
Pour les mêmes raisons, les titres concernant l'immobilier ont été particulièrement pénalisés. Unibail-Rodamco a perdu 4,21% à 137,70 euros et, hors CAC 40, Foncière des régions a abandonné 5,76% à 59,70 euros et Klépierre 5,99% à 21,96 euros.
Lafarge, relégué en catégorie spéculative pour l'agence de notation Moody's, a lâché 2,76% à 30,86 euros.
Le secteur financier a terminé en ordre dispersé. Natixis a bondi de 10,95% à 3,07 euros après avoir publié jeudi un bénéfice net en baisse mais supérieur aux attentes au deuxième trimestre. Axa --qui avait progressé jeudi après la publication d'un bénéfice semestriel plus que quadruplé-- a cédé 1,32% à 11,55 euros.