Moins d'une semaine après sa défaite aux élections européennes, le gouvernement portugais de centre droit sera confronté vendredi matin à une motion de censure déposée par le Parti communiste (PCP), qui entend ainsi protester contre sa politique d'austérité.
Cette motion de censure devrait en principe être rejetée sans problèmes par la coalition au pouvoir qui dispose d'une confortable majorité au Parlement. Depuis qu'il a pris ses fonctions en juin 2011, le gouvernement a déjà résisté à cinq motions du même genre, présentées par des partis de gauche.
Le secrétaire général du PCP Jeronimo de Sousa avait annoncé ses intentions dimanche soir après le succès obtenu par son parti aux élections européennes. La coalition communistes-Verts (CDU) s'est imposée en tant que troisième force politique avec 12,68% des voix et trois sièges.
Le revers électoral subi par le gouvernement "montre qu'il a été clairement censuré par le peuple portugais", a commenté M. de Sousa, avant d'appeler l'ensemble de l'opposition à voter contre "la politique de droite"qui applique les remèdes de la troïka (UE-FMI-BCE) des créanciers du Portugal.
Le Parti socialiste avait remporté le scrutin de dimanche avec 31,46% des voix, contre 27,71% pour la coalition formée par le Parti social-démocrate PSD (centre droit) et le CDS (conservateur), qui avait enregistré son pire score à des élections européennes.
L'avance du Parti socialiste sur la coalition gouvernementale a toutefois été limitée par la montée du Parti de la Terre (MPT), une formation écologiste qui a créé la surprise en obtenant 7,14% des suffrages et deux sièges.
Cette victoire jugée trop étriquée a déclenché une guerre des chefs au sein du PS, dont un des poids lourds, le maire de Lisbonne Antonio Costa, s'est dit mardi prêt à disputer la direction du parti à Antonio José Seguro, secrétaire général du mouvement.
Le PS compte voter la motion de censure du PCP, qui réclame notamment l'organisation d'élections législatives anticipées, tout en estimant qu'elle est "vouée à l'échec".
Si le gouvernement parvenait à surmonter sans encombre cette motion, une autre épreuve, plus dure, l'attendrait : la Cour constitutionnelle doit se prononcer sous peu sur plusieurs mesures d'austérité du budget 2014.
Le Premier ministre Pedro Passos Coelho a mis en garde mercredi les juges, estimant qu'un verdict négatif risquait de "compromettre la reprise progressive de l'économie et d'entamer la crédibilité" du Portugal au sein de l'Europe.
Le Portugal s'était affranchi officiellement de la tutelle de ses créanciers le 17 mai, et avait, à l'instar de l'Irlande, renoncé à demander à ses partenaires européens une ligne de crédit de précaution.