Le Parlement portugais a adopté vendredi en première lecture le projet de budget pour 2015, qui prévoit de ramener le déficit public de 4% à 2,7% du PIB sans avoir recours à de nouvelles mesures d'austérité.
Le texte, dont la version définitive sera votée le 25 novembre, a été approuvé avec les voix de la majorité dont dispose la coalition gouvernementale de centre droit, alors que l'ensemble de l'opposition de gauche l'a rejeté.
"C'est le premier budget sans la troïka, nous avons davantage de souveraineté et de liberté", a déclaré le vice-Premier ministre Paulo Portas. Dans le même temps, "c'est le premier budget avec un déficit inférieur à 3%".
S'il s'agit bien du premier budget du Portugal depuis sa sortie en mai de son plan de sauvetage, le vote est intervenu en pleine visite de la troïka de ses créanciers (UE-FMI-BCE), de retour à Lisbonne depuis mardi pour une mission de contrôle.
Le budget est marqué par des coupes dans les dépenses publiques et des hausses d'impôts ciblées s'élevant au total à 1,25 milliard d'euros, soit 0,7% du PIB, un effort inférieur aux années précédentes.
Pour 2015, la coalition de centre droit mise surtout sur la reprise de l'emploi, susceptible d'améliorer les recettes fiscales. Le taux de chômage a été revu à la baisse, à 13,4%, contre 14,8% auparavant.
A l'instar de l'Irlande, le Portugal lâche un peu de lest sur la rigueur, mais n'abandonne pas pour autant la maîtrise de son déficit. L'objectif a certes été légèrement revu à la hausse, de 2,5% à 2,7%, mais il reste sous la barre des 3% définie par Bruxelles.
Afin de favoriser la reprise encore hésitante de l'économie, le gouvernement a renoncé à imposer de nouvelles ponctions aux Portugais, d'autant que des élections législatives sont prévues dans un an.
"L'année 2015 constitue un tournant pour le pouvoir d'achat des Portugais", a assuré jeudi le Premier ministre Pedro Passos Coelho, en évoquant la hausse du salaire minimum, qui a augmenté en octobre de 20 euros à 505 euros par mois.
En outre, les coupes dans les revenus des fonctionnaires en vigueur depuis 2011 seront réduites de 20% en 2015. Les contribuables se verront restituer en 2016 une partie d'une surtaxe de 3,5%, mais seulement en cas d'un surplus des recettes fiscales.
Les entreprises bénéficieront de leur côté d'une nouvelle réduction de l'impôt sur les sociétés, qui sera ramené de 23% à 21%.
Le gouvernement a maintenu sa prévision de croissance de 1,5% pour 2015, jugée pourtant optimiste par les experts. L'OCDE table ainsi sur une hausse du PIB limitée à 1,3%, en raison des perspectives de croissance plus sombres pour la zone euro.
Le Parti socialiste, principal parti d'opposition, a exprimé ses "doutes sur le scénario macroéconomique" présenté par le gouvernement, d'autant qu'"il ne contient aucune estimation de l'impact de la crise" de Banco Espirito Santo, sauvé de la faillite début août grâce à des fonds publics.