Le produit intérieur brut de la Russie, en crise économique du fait des sanctions occidentales et de la chute des cours du pétrole, s'est contracté de 1,9% au 1er trimestre, selon des statistiques officielles publiées vendredi.
Il s'agit de la première contraction de l'économie russe en glissement annuel depuis 2009 mais cette baisse est moins forte que les prévisions du gouvernement russe, qui tablait sur une récession de 2,2% au premier trimestre.
Ces chiffres confirment cependant que la crise monétaire de décembre, après des mois de sanctions occidentales croissantes liées au conflit ukrainien et de chute des cours du pétrole, se traduit désormais par une contraction de l'activité.
L'envolée de l'inflation, qui frôle les 17% en taux annuel, plombe notamment le pouvoir d'achat et la consommation.
Les statistiques officielles publiées en avril montrent en effet que les ventes au détail ont chuté de 6,7% sur un an au premier trimestre et la production industrielle de 0,4%.
Si le gouvernement russe a annoncé que le pire du choc monétaire était passé, le rouble ayant rebondi de plus de 40% depuis mars face au dollar, le ministre russe de l'Économie Alexeï Oulioukaïev a prévenu fin avril que la chute du PIB au deuxième trimestre pourrait être encore plus élevée qu'au premier, les effets de la reprise financière ne se propageant que lentement à l'économie réelle.
- Mesures anticrise -
En annonçant une récession plus importante, "le ministère de l'Economie a essayé d'effrayer le gouvernement, de l'obliger à prendre des mesures pour résoudre la crise", estime Andreï Iakovlev, de la Haute Ecole d'Economie de Moscou.
Moscou a en effet pris plusieurs mesures destinées à atténuer les effets de la crise, allant d'une baisse des dépenses budgétaires de 5% à une revalorisation des retraites, pour un coût total de 1.332 milliards de roubles (17,4 milliards d'euros). Cet argent a été puisé essentiellement dans les fonds où est placé une partie des revenus des hydrocarbures du pays.
Andreï Iakovlev note tout de même que la dévaluation du rouble a bénéficié à plusieurs secteurs de l'économie russe, notamment la métallurgie et l'agriculture, qui ont pu dégager de meilleurs profits. "La question qui va se poser maintenant est +que faire de cet argent?+: l'investir dans l'économie ou le faire sortir du pays?".
Le gouvernement prévoit une chute de 2,8% du PIB en 2015 et un retour à la croissance en 2016 mais fin avril, Vladimir Poutine avait affirmé que le pire était passé, réfutant même le terme de "crise" et expliquant que "les bases fondamentales de l'économie russe s'étaient renforcées".
"La Russie a réussi à éviter un effondrement de son économie (mais) malgré la stabilisations des marchés financiers, des vulnérabilités fondamentales demeurent (...) et la confiance des décideurs russes dans un retour rapide à la croissance semble excessive", estiment cependant les économistes du cabinet londonien Capital Economics.
Le Fonds monétaire international (FMI), dans ses prévisions de printemps, prévoit pour sa part un recul de 3,8% du PIB russe cette année et de 1,1% l'an prochain.
Plus pessimiste encore, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), dans ses nouvelles prévisions économiques publiées à l'occasion de sa réunion annuelle organisée à Tbilissi, a tablé jeudi sur une chute de 4,5% du produit intérieur brut cette année et de 1,8% l'an prochain.