par Elias Glenn
PEKIN (Reuters) - Le secteur manufacturier chinois a stagné en juin, alimentant ainsi les attentes d'un nouveau coup de pouce gouvernemental pour relancer une économie qui patine.
Même si la production a atteint un pic de 12 mois, la quasi-totalité des autres composantes de l'indice PMI manufacturier ont fléchi, laissant penser que le rebond du printemps est en train de tourner court. Les commandes à l'exportation ont diminué, ainsi que les stocks, alors que les licenciements se sont multipliés.
En revanche, un autre indice PMI, celui des services, a accéléré en juin, témoin d'une certaine réussite de Pékin dans le processus de rééquilibrage de l'économie, pour autant que cette hausse de l'indice se maintienne.
Mais il semble aussi que le dynamisme des services ne sera pas suffisant pour soutenir la croissance si l'industrie reste en panne, c'est pourquoi les analystes parient sur de nouvelles interventions du gouvernement et de la banque centrale pour relancer la machine économique chinoise, peut-être dès ce mois-ci.
"Nous pensons que le gouvernement stimulera l'économie en hâtant les investissements dans les grands travaux et dans l'urbanisation. La Banque populaire de Chine (BPC) pourrait aussi réduire les taux d'intérêt ou le coefficient des réserves obligatoires (RO) pour doper la confiance des entreprises", dit la banque ANZ dans une note d'étude.
"Nous pensons qu'un biais globalement baissier sera maintenu pour parer au ralentissement économique et alléger le fardeau de la dette des enteprises", renchérit Zhou Hao (Commerzbank (DE:CBKG)).
"Nous confirmons notre opinion suivant laquelle la BPC réduira les taux directeurs de 25 points de base ce mois-ci et on peut aussi s'attendre à quelques réductions du coefficient des RO au second semestre", ajoute-t-il.
Une croissance mondiale globalement affaiblie et la victoire des partisans d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne le 23 juin dernier assombrissent l'horizon des exportateurs chinois, explique les services de la statistique chinois.
L'indice PMI officiel des directeurs d'achats est ressorti à 50,0 en juin, un plus bas de quatre mois, contre 50,1 en mai. Il est conforme à ce qu'attendaient les économistes interrogés par Reuters. L'indice se situe exactement sur la démarcation entre croissance et contraction.
L'indice PMI manufacturier Caixin/Markit montre lui une seizième contraction mensuelle d'affilée, s'inscrivant à 48,6 en juin contre 49,2 en mai.
Les entreprises chinoises ont licencié à une cadence accélérée le mois dernier, conséquence de mesures de réduction des coûts, selon Caixin, mais le chômage pourrait aussi être alimenté par la volonté du gouvernement de réduire les capacités dans plusieurs plans de l'industrie.
Les deux indices montrent par ailleurs que la situation des PME chinoises ne s'arrange pas ce qui laisse penser que Pékin devra se reposer davantage sur les grosses structures pour créer de la croissance mais les analystes mettent en avant le risque qu'il y a à la nourrir sur la durée par l'endettement.
Deux banques au moins ont réduit leur prévision de croissance de la Chine après le vote en faveur du Brexit. Nomura prévoit 6,0% de croissance en 2016 et non plus 6,2%, tandis que Bank of America Merrill Lynch anticipe 6,4% au lieu de 6,6%.
La Chine publiera le 15 juillet la statistique du PIB du deuxième trimestre.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Bertrand Boucey)