Air France-KLM a réduit sa perte au premier semestre à -114 millions d'euros contre -638 il y a un an, mais note une détérioration du paysage depuis le deuxième trimestre en raison du contexte terroriste en Europe après l'attentat de Bruxelles et des surcapacités du marché.
"Le contexte mondial en 2016 reste fortement incertain au regard de l'environnement géopolitique et économique dans lequel nous opérons, du prix du carburant, de la poursuite de la situation de surcapacité sur différents marchés, entraînant une pression accrue sur les recettes unitaires avec une préoccupation particulière sur la destination France", indique le groupe franco-néerlandais.
Ces résultats sont publiés au premier jour d'une grève qui affecte Air France en plein chassé croisé estival et la contraint à annuler 13% des vols mercredi.
Le PDG de la compagnie française, Frédéric Gagey, a estimé que cette grève, liée aux négociations sur l'accord d'entreprise, risquait de "compromettre le redressement d'Air France".
Air France-KLM revoit légèrement à la baisse ses prévisions en indiquant que les économies attendues sur le carburant devraient être "plus que compensées" dans les trimestres à venir par une pression à la baisse sur les recettes unitaires et un effet de change négatif.
Jusque-là, il estimait qu'elles seraient seulement "compensées". Les autres prévisions sont maintenues.
Le chiffre d'affaires ressort en retrait de 2,6% au premier semestre à 11,82 milliards d'euros, mais de 5,2% à 6,22 milliards d'euros au second trimestre, affecté par un effet de change négatif en raison de la hausse de l'euro face aux devises autres que le dollar américain.`
Le résultat d'exploitation est passé dans le vert au premier semestre, à 218 millions d'euros contre une perte de 238 millions au premier semestre 2015.
"Nous avons vu une nette détérioration du paysage en termes de recette unitaire", en recul de 5,6% au deuxième trimestre, a déclaré le directeur financier du groupe, Pierre-François Riolacci, en conférence téléphonique.
Selon lui, l'absence d'amélioration du contexte macro-économique "mais surtout bien sûr l'effet des attaques terroristes dont a été victime l'Europe depuis quelques trimestres mais qui ont repris avec l'attaque de Bruxelles fin mars", expliquent ce recul.
Il a néanmoins relevé que le groupe avait baissé ses coûts unitaire de 1,5% hors change et fuel, un point "très positif". "Nous sommes sur une belle amélioration même si il y a eu un changement de conjoncture", a-t-il dit.
- 'Baisse de la demande sur l'Europe' -
"Nous avons vu au fur et à mesure des mois se développer une baisse de la demande vers l'Europe et en particulier la France", principalement depuis l'Asie.
A cette situation s'ajoutent les surcapacités en période estivale. "Cette pression sur la demande intervient dans un contexte de croissance de capacité qui est très important" à partir de mai-juin sur l'Europe.
"Nous voyons sur la destination France en particulier, l'Europe en général, la clientèle asiatique qui s'est pas mal détournée, ce qui explique la pression sur le marché. Nous voyons se dégrader le paysage", a dit Pierre-François Riolacci. Interrogé sur l'impact de l'attentat de Nice, il a indiqué qu'il n'était "pas significatif pour le moment".
L'impact de la grève des pilotes en juin a affecté négativement le résultat d'exploitation pour environ 40 millions d'euros.
En revanche, le vote sur le Brexit n'a pas eu d'effet significatif car il est intervenu en fin de période, selon Pierre-François Riolacci.
L'Ebitda (excédent brut d'exploitation) est de 994 millions d'euros au premier semestre contre 531 millions en 2015.
Le groupe, qui profite comme les autres compagnies aériennes de la chute des cours de brut, table sur une facture carburant de 4,6 milliards d'euros en 2016, et de 4,4 milliards en 2017.
La filiale à bas coûts Transavia continue de bien se porter, avec un chiffre d'affaires de 483 millions d'euros, en hausse de 7,3% au premier semestre.
Côté perspectives, Air France-KLM, qui a changé de PDG, Jean-Marc Janaillac remplaçant Alexandre de Juniac, prévoit de poursuive les "progrès en matière de réduction des coûts unitaires, avec un objectif de réduction d'environ 1% en 2016 à carburant et change constants" et un cash flow libre d'exploitation après cessions compris entre 0,6 milliard et 1,0 milliard d'euros en 2016.
Le groupe poursuit la réduction de sa dette, en baisse de 265 millions d'euros au premier semestre, à un peu plus de 4 milliards.
Enfin, la clôture de la cession partielle de Servair est attendue au quatrième trimestre.