La direction d'Air France a haussé le ton jeudi, au deuxième jour d'une semaine de grève des hôtesses et stewards qui entraînait davantage d'annulations de vols que la veille, en dénonçant un mouvement "regrettable et agressif".
Le conflit social qui survient en plein pic estival a occasionné jeudi "un peu plus d'annulations de vols" que la veille, ont indiqué des sources aéroportuaires à l'AFP.
Dans ses prévisions, Air France a anticipé le maintien de "près de 80%" de ses vols, contre 83% mercredi. Dans le détail, la compagnie table sur "plus de 90%" de long-courriers assurés, "plus de 70%" de moyen-courriers et "plus de 80%" de vols intérieurs.
Saluant une "mobilisation massive", les deux principaux syndicats, le SNPNC-FO et l'Unsa-PNC, représentant près de la moitié du personnel naviguant commercial (PNC), ont assuré que le mouvement allait "monter en puissance".
"Nous savons tous que c'est au fil des jours que les effets de la grève s'amplifient", écrivent-ils à quelques heures du grand week-end de chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens.
Le SNPNC estime que "60% à 70%" du personnel était en grève mercredi et accuse la direction de "désinforme(r) outrageusement" en faisant état de 37% de grévistes seulement. Pour jeudi, Air France mentionne une mobilisation en baisse d'un point à 36%.
Au départ de l'aéroport parisien de Roissy, 79 moyen-courriers et six long-courriers ont été annulés jeudi, ainsi que 78 moyen-courriers et sept long-courriers à l'arrivée, selon les sources aéroportuaires. A Orly, 28 vols sur 86 prévus au départ ont été annulés et 31 sur 85 à l'arrivée.
En grève jusqu'au 2 août, les PNC protestent contre la reconduction pour 17 mois de l'accord d'entreprise fixant ses règles de travail, de rémunération et en matière de déroulement de carrière. L'accord actuellement en vigueur arrive à son terme le 31 octobre.
Les cinq syndicats qui appellent à la grève (SNPNC-FO, Unsa-PNC, SNGAF, CFTC et SUD) jugent "insuffisante" la durée proposée.
- 'Fort risque de déclin' -
Le nouveau PDG du groupe Air France-KLM Jean-Marc Janaillac est sorti de son silence jeudi pour dénoncer un mouvement "regrettable et agressif".
Il y a une "disproportion entre les conséquences économiques, financières et d'image pour Air France et le différend autour de la seule durée du texte proposé", estime le dirigeant, qui a pris ses fonctions au début du mois.
"L'idée qu'Air France pourrait disparaître reste encore étrangère à certains salariés (...) Si on ne prend pas les bonnes décisions et si les équipes ne se mobilisent pas, il y a un fort risque de déclin, et on ne peut pas savoir où mène le déclin", selon Jean-Marc Janaillac, qui présentera son plan stratégique en novembre.
A l'inverse, les syndicats estiment que la crainte d'une faillite de la compagnie tricolore n'est plus d'actualité, Air France ayant dégagé en 2015 ses premiers bénéfices depuis six ans.
"Pourquoi dans ces conditions l'entreprise refuse-t-elle de garantir nos conditions de travail et de rémunération sur une période décente?", s'interroge l'intersyndicale SNPNC-Unsa.
En acceptant un texte de 17 mois, elle redoute que l'entreprise n'utilise "le moindre retournement de tendance" pour reprendre les négociations, dans quelques mois, avec des exigences beaucoup plus élevées.
Le président d'Air France, Frédéric Gagey, a d'ailleurs souligné dimanche le besoin, pour la compagnie, de "garder une certaine souplesse" dans le domaine ultra concurrentiel de l'aérien "soumis à des aléas, notamment économiques".
En cas d'échec persistant des négociations, à l'automne, la direction pourrait appliquer aux plus de 13.000 PNC d'Air France un texte rédigé unilatéralement, avec la règlementation internationale pour seule contrainte.
Autre compagnie, autre grève : Aigle Azur qui dessert l'Algérie, le Portugal, le Mali, la Chine et le Sénégal, devait annuler 20% de ses vols jeudi. Le SNPL appelle les pilotes à déserter les cockpits, durant huit jours, pour forcer la direction à "négocier des conditions de travail compatibles avec un niveau acceptable de fatigue".