La présidente Dilma Rousseff est investie ce jeudi pour un second mandat à la tête du Brésil, et devra s'atteler à relancer une économie en berne et à la crédibilité ternie par un vaste scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière publique Petrobras.
Fidèle à la tradition, cette ancienne guérillera de 67 ans, a défilé dans la Rolls Royce présidentielle décapotable (de 1952) sur l'Esplanade des ministères de Brasilia, bordée de militants de son Parti des travailleurs (PT-gauche) qui s'abritaient du soleil sous des parapluies.
Souriante dans une robe beige-rose, et au coté de sa fille Paula, elle a fait signe à la foule jusqu'à son arrivée au Parlement où elle prêtera serment.
Vingt-sept chefs et vice-chefs d'Etat et de gouvernement sont présents à la cérémonie tels que l'américain Joe Biden.
Le discours de Mme Rousseff au Palais présidentiel du Planalto est prévu à 16H30 locales (18H30 GMT).
Elle a été la première femme en 2010 à gouverner ce pays de plus de 200 millions d'habitants et septième économie du monde, possédant de gigantesques réserves de pétrole pré-salifères, situés en eaux très profondes sous une épaisse couche de sel.
Mme Rousseff a été réélue de justesse fin octobre contre le social-démocrate Aecio Neves, soutenu par la droite.
Elle a tiré bénéfice des programmes sociaux mis en place par le Parti des Travailleurs au pouvoir depuis douze ans et qui ont sorti 40 millions de Brésiliens de la misère, que beaucoup craignaient de perdre.
L'une des priorités de son premier mandat avait été donnée au social mais elle a échoué à relancer l'économie.
Jeudi, dans son discours, Mme Rousseff doit mettre l'accent sur la nécessité de remettre de l'ordre dans les finances du pays, relancer la croissance mais sans porter préjudice aux conquêtes sociales, estime le quotidien O Globo.
- Relance de l'économie et autres défis -
Après avoir clôturé 2014 sur une croissance proche de zéro, 2015 sera la cinquième année de croissance au ralenti avec une prévision de +0,5%.
Mais Mme Rousseff devra relever d'autres défis, notamment faire le ménage au sein du géant pétrolier public Petrobras, plongé dans un scandale de corruption qui éclabousse des hommes politiques du PT et de partis alliés, même si aucun d'entre eux n'a été poursuivi pour le moment.
Mme Rousseff devra également restaurer la crédibilité du pays auprès des investisseurs étrangers.
"Elle commence avec de sérieuses difficultés, surtout dans le domaine économique. Elle va devoir affronter le scandale de corruption de Petrobras et cela fait partie d'un autre problème qui est de rétablir la confiance dans le Brésil aussi bien auprès des entrepreneurs brésiliens qu'étrangers et d'éviter que la note de Petrobras soit abaissée par les agences de notation", commente l'analyste politique de l'Université de Brasilia, David Fleisher, pour l'AFP.
"Une autre difficulté sera sa relation avec le Parlement parce que l'opposition est plus importante et la coalition gouvernementale est très fragmentée et divisée", poursuit l'expert.
Le scandale de Petrobras a éclaté peu avant la réélection de Dilma Rousseff. L'opération policière "Lavage rapide" a montré que le réseau de corruption aurait blanchi près de 4 milliards de dollars en dix ans. Petrobras fait face à des plaintes d'investisseurs internationaux et les agences de notation pourraient abaisser sa note, de quoi porter un sérieux coup à ses plans d'investissements.
Le Parquet a lancé des poursuites pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs contre 39 personnes, pour la plupart des entrepreneurs, qui surfacturaient des contrats à Petrobras pour verser des pots-de-vin à certains de ses directeurs.
"Nous allons organiser la maison et avoir une année 2015 de retour de la croissance", martèle Mme Rousseff depuis sa réélection.
Mercredi, elle a désigné les 14 derniers ministres (sur 39) qui composeront le gouvernement.
La nouvelle équipe économique dirigée par Joaquim Levy, un orthodoxe apprécié des marchés, a déjà annoncé des mesures comme la réduction de l'assurance chômage et la suspension des subventions gouvernementales pour éviter la hausse des tarifs de l'électricité.
"J'attends une continuité du passé que j'ai aimé. J'espère que ce gouvernement sera pareil ou encore mieux", lance à l'AFP Jane Guimaraes, 41 ans, qui est venue comme 32.000 autres militants du PT, de l'intérieur du pays pour la cérémonie d'investiture qui se déroulera sous l'oeil attentif de 4.000 agents de sécurité.