Sauf surprise de dernière minute, le conseil d'administration d'Orange devrait renouveler mercredi le mandat de PDG de Stéphane Richard, mis en examen dans l'affaire Tapie, et qui plaide pour son maintien afin de stabiliser l'opérateur dans un secteur télécoms très agité.
"L'affaire Tapie est un aléa dont je me serais bien passé", a avoué lundi aux Echos M. Richard, PDG depuis février 2011 de l'opérateur historique qui compte 100.000 salariés en France.
En juin dernier, Stéphane Richard, qui a été directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, avait été mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans le volet non ministériel de l'affaire de l'arbitrage dont a bénéficié en 2008 Bernard Tapie.
Il avait cependant reçu quelques jours plus tard le soutien de François Hollande, qui avait estimé que "tant que M. Richard peut être dirigeant de cette entreprise sans qu'il y ait de conséquences de la procédure judiciaire, il restera".
La semaine dernière, M. Richard a été confronté à Mme Lagarde, actuelle directrice du FMI, qui était entendue pour la troisième fois par la Cour de justice de la République (CJR). En mai dernier, elle avait échappé à une mise en examen, et avait été placée sous le statut de témoin assisté.
"Je veux rappeler que je conteste en bloc ma mise en examen et que cela n’a rien à voir avec Orange. Est-ce que cela peut me gêner dans l’exercice de mes fonctions, et gêner Orange ? La réponse est clairement non et je rappelle que le conseil d’administration s’est organisé pour vérifier à tout moment que tel est bien le cas", affirme lundi le PDG, toujours aux Echos, en allusion à la "mission de surveillance" confiée à un administrateur en juin pour s'assurer que les mesures judiciaires le touchant ne l'empêchent pas d'exercer ses fonctions.
Mercredi à partir de 15H00, les administrateurs du groupe doivent se prononcer sur le renouvellement du mandat de quatre ans de Stéphane Richard. Le 9 juin 2010, alors directeur général du groupe, il avait été désigné administrateur d'Orange, étape indispensable pour accéder au fauteuil de PDG, ce qu'il avait fait le 24 février 2011.
- Le secteur 'en plein maelström' -
"C’est au conseil d’administration de décider (de ma reconduction) et je ne veux pas préjuger de sa décision. Je suis clairement candidat au renouvellement de mon mandat car je pense pouvoir être utile à l’entreprise et ma motivation de la servir est plus grande que jamais", déclare lundi M. Richard.
L'Etat français détient 27% du capital d'Orange et compte trois membres sur 15 au sein du conseil d'administration. Trois autres administrateurs représentent le personnel, un autre le personnel actionnaire, et les huit restants sont élus par l'assemblée générale.
Interrogés par l'AFP, les administrateurs salariés jugeaient "peu probable" que M. Richard ne soit pas renouvelé à son poste.
"Au fond, la question est : faut-il déstabiliser le groupe, en plein maelström du secteur, pour une affaire qui ne concerne pas Orange ? L’immense majorité des salariés et des actionnaires ne le comprendrait pas", a encore estimé Stéphane Richard.
Déjà en pleine guerre des prix depuis l'arrivée sur le marché du mobile de Free il y a deux ans, le secteur des télécoms est en effervescence depuis plusieurs semaines avec la saga sur le rachat de SFR, que se disputent Bouygues Telecom et Numericable/Altice, et dont l'issue va redistribuer les cartes dans le paysage.
Côté social, les syndicats d'Orange ont émis à l'unanimité un droit d'alerte le 18 février "concernant la mise en danger de la santé et la sécurité des salariés", en raison notamment des quelque 30.000 départs naturels prévus d'ici 2020, et du remplacement d'un seul départ sur quatre d'ici 2016.
De plus, l'Observatoire du stress et des mobilités forcées de l'opérateur a chiffré la semaine dernière le nombre de suicides à dix depuis le début de l'année dans le groupe. C'est "presque autant qu'au cours de toute l'année 2013", a souligné l'organe créé peu avant la vague de suicides qui avait frappé le groupe en 2008-2009.