Les chiffres officiels de l'emploi américain en août attendus pour vendredi risquent d'être encore plus mauvais que prévu après la publication mercredi d'une enquête indiquant un retour inattendu des destructions de postes dans le secteur privé.
Selon l'enquête mensuelle publiée mercredi par le cabinet de conseil en ressources humaines ADP, les entreprises privées ont détruit aux Etats-Unis 10.000 emplois de plus qu'elles n'en ont créé au mois d'août, alors que les analystes tablaient sur une création de 13.000 postes nets.
Les entreprises petites et moyennes, censées être les plus dynamiques en matière de créations de postes ont supprimé respectivement 6.000 et 5.000 emplois nets, a indiqué ADP, alors que les grandes entreprises (plus de 500 employés) en ajoutaient 1.000.
"La baisse de l'emploi privé en août confirme [...] que la reprise économique marque une pause", écrit ADP.
Les chiffres de l'enquête donnent habituellement un premier aperçu de l'évolution du marché du travail avant le rapport officiel sur l'emploi (public et privé) publié par le département du Travail le premier vendredi de chaque mois.
Avant la parution de l'étude, les analystes estimaient que le rapport du ministère ferait apparaître que l'économie américaine a perdu des emplois en août pour le troisième mois de suite, un peu moins cependant que le mois précédent, avec la suppression de 120.000 postes de travail nets, contre 131.000 en juillet.
L'essentiel des pertes devrait être dû, comme les mois précédents, à la fin des contrats de personnes engagées par l'Etat pour le recensement décennal. Selon le consensus médian des analystes, les créations nettes du secteur privé devraient ralentir à 44.000 emplois après 71.000 le mois précédent.
Le taux de chômage, lui, remonterait de 0,1 point, à 9,6%.
Pour Zach Pandl, économiste de la maison de courtage japonaise Nomura Securities, l'enquête ADP "laisse penser que les chiffres officiels de l'emploi risquent d'être moins bons que prévu".
Plusieurs économistes notent cependant qu'ADP a eu tendance depuis de début de l'année à sous-estimer l'emploi privé d'environ 60.000 postes chaque mois par rapport au ministère.
De plus, l'indice ISM manufacturier d'août, dont la hausse surprise a fait bondir les marchés européens et américains mercredi, va à l'encontre des résultats d'ADP. Sa composante mesurant l'emploi traduit en effet une hausse des embauches dans les usines du pays en août. Certains analystes reprochent cependant à cet indice de ne pas tenir compte suffisamment des PME.
Pour Ian Sheperdson, du cabinet d'économistes HFE, la différence entre les résultats de l'enquête ADP et les attentes des analystes est "insignifiante sur le plan statistique, contrairement au scénario que dessine cette étude: celui d'un affaiblissement certain du marché du travail".
Alors que responsables politiques, économistes et investisseurs attendent avec impatience de voir le secteur privé prendre la relève de la relance publique, c'est une mauvaise nouvelle.
Comme plusieurs autres analystes, M. Shepherdson ne prévoit pas une nouvelle descente aux enfers du marché de l'emploi, mais il prévient que "la reprise véritable de l'emploi doit encore clairement attendre quelque temps".
Dans un discours d'adieu, Christina Romer, conseillère économique du président américain Barack Obama jusqu'à vendredi a reconnu mercredi que le PIB ne progressait "pas assez rapidement pour créer les centaines de milliers de postes nouveaux nécessaires chaque mois pour ramener l'emploi à son niveau d'avant la crise".