La réaction de l'euro aux annonces effectuées la veille par la Banque centrale européenne (BCE) restait des plus mesurées ce midi. A cette heure, la monnaie unique européenne se tasse de 0,20% contre le dollar mais à 1,3637 dollar, elle reste bien loin des 1,3503 touchés hier alors que Mario Draghi organisait sa conférence de presse. Certains opérateurs doutent en effet que les mesures annoncées soient de nature à affaiblir l'euro, étant donné l'état relatif des bilans de la BCE et de la Fed.
L'euro cède aussi 0,23% contre le Yen à 139,60 et 0,25% contre le sterlingà 0,8107, mais il reste stable face au franc suisse à 1,2176.
Comme prévu, la BCE a abaissé hier ses trois taux directeurs, et le taux de refinancement recule encore de 0,25 à 0,15%. Déjà nul, celui rémunérant les liquidités que les banques commerciales laissent en dépôt auprès de la banque centrale est - c'est une première - passé en territoire négatif.
Son président Mario Draghi a annoncé que l'établissement de Francfort va cesser de 'stériliser' les rachats d'actifs opérés dans le cadre du programme pour les marchés de titres (SMP, selon l'acronyme anglais).Le SMP correspondait aux actifs obligataires publics rachetés par la BCE au plus fort de la crise de la zone euro. L'encours actuel du SMP est de l'ordre de 164 milliards d'euros. La fin de la stérilisation suggère que la BCE va remettre sur le marché la masse monétaire correspondant au montant racheté.
En outre et surtout, des opérations de refinancement bancaires à plus long terme (LTRO, selon l'acronyme anglais) seront de nouveau organisées. Leur montant serait au total de l'ordre de 400 milliards d'euros. Ces LTRO seront ciblés ('targeted', d'où le nouvel acronyme de TLTRO) sur les PME.
La BCE a aussi indiqué qu'elle avait 'discuté' du rachat d'Asset backed securities (ABS), c'est-à-dire de dette titrisée, et que l'éventualité d'un assouplissement quantitatif sur le modèle américain restait ouverte.
'D'autres questions risquent à présent d'émerger, comme celle de la réelle demande des banques pour ces nouvelles opérations de liquidité', souligne Serge Pizem, gérant du fonds AXA WF Optimal Income.
En outre, chez Société Générale, les cambistes estiment que 'la BCE s'avance en territoire inconnu. Elle court ainsi le risque de subir les conséquences inattendues d'un taux négatif de rémunération des dépôts en cherchant à conjurer la déflation, à relancer le crédit et à affaiblir l'euro.'
Voilà pour l'intention. Cependant, les spécialistes ajoutent qu''il n'est pas certain que les mesures annoncées (hier) seront de nature à réduire le risque de contraction des prix, à doper la demande de crédits, voire même qu'elles affaibliront l'euro.'
Pourquoi ? Car selon SG, le bilan de la Fed est infiniment plus dégradé que celui de la BCE après toute une série de QE, c'est-à-dire des rachats d'actifs obligataires que la BCE ne fait qu'évoquer.
'En revanche, (les mesures de la BCE) vont probablement tirer à la hausse la valeur des actifs', pronostique Société Générale.
Les opérateurs de change sont également prudents en raison de la parution, dans les prochaines heures, du rapport sur les créations d'emploi et le taux de chômage aux Etats-Unis.
'Le consensus table sur une baisse des créations d'emplois en mai et une hausse du taux de chômage de 6,3% à 6,4% de la population active', précise Christopher Dembik, analyste financier chez Saxo Banque.
'En début de semaine, le président de la Réserve Fédérale de Chicago, Charles Evans, avait déjà mis en garde le marché contre une hausse du chômage liée en grande partie à une baisse plus importante que prévu du taux de participation', ajoute le professionnel, craignant que les marchés n'aient pas intégré cette donnée dans les cours.
Dévoilée ce matin et à peu près conformément aux attentes, la production industrielle allemande a progressé de 0,2% en avril, après avoir diminué de 0,6% en mars (chiffre révisé d'une estimation initiale qui était de -0,5%), selon le Ministère fédéral de l'Economie et des Technologies.
Le Royaume Uni a quant à lui vu son déficit commercial s'accentuer à 2,5 milliards de livres en avril, contre 1,1 milliard au mois précédent, d'après l'office national de statistiques (ONS).
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