"Bras d'honneur", "conflit d'intérêt", "indécent": une pluie de critiques, venant même du gouvernement, s'est abattue samedi en France sur l'ex-président de la Commission européenne, José Manuel Barroso qui va rejoindre la banque d'affaires américaine Goldman Sachs.
"Desservir les citoyens, se servir chez Goldman Sachs: , représentant indécent d'une vieille Europe que notre génération va changer", a twitté le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl.
Comme le ministre socialiste, les eurodéputés PS français jugent "scandaleux" ce qu'ils qualifient de "nouveau pantouflage, qui ressemble fort à un conflit d’intérêt". "Nous exigeons une révision des règles pour empêcher de tels recrutements d’anciens Commissaires européens", écrivent-ils dans un communiqué.
Premier ministre du Portugal de 2002 à 2004, M. Barroso a occupé la présidence de la Commission européenne de 2004 à 2014, période durant laquelle l'Europe et le monde ont été secoués par la grave crise financière de 2008.
Goldman Sachs a annoncé vendredi l'avoir engagé pour la conseiller, au moment où le secteur financier est secoué par les craintes autour du Brexit. "Évidemment, je connais bien l’UE et relativement bien aussi le contexte britannique. Si mes conseils peuvent être utiles dans de pareilles circonstances, je suis prêt à aider", a-t-il commenté dans le Financial Times.
Or, rappelle la presse française, la banque de Wall street est l'une de celles ayant vendu le plus de produits financiers complexes - les subprimes - à l'origine de la crise de 2008.
"Goldman Sachs est aussi la banque qui a aidé les Grecs à trafiquer leurs comptes au début des années 2000", ajoute l'hebdomadaire l'Obs, pour qui "l'image de l'Union européenne qui n'est pas folichonne en ce moment, n'avait besoin de cela".
"C'est, au pire moment, un symbole désastreux pour l'Union et une aubaine pour les europhobes", renchérit le quotidien de gauche Libération, qui dénonce sur son site internet un "bras d'honneur à l'Europe".
La présidente du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, a d'ailleurs estimé que Twitter que la nouvelle n'avait "rien d'étonnant pour ceux qui savent que l'UE ne sert pas les peuples mais la grande finance".
José Manuel Barroso n'a enfreint aucune règle, puisqu'au delà de 18 mois après la fin de leur mandat, rien n'oblige les anciens membres de la Commission à rendre des comptes à cette institution.
"Les anciens commissaires ont évidemment le droit de poursuivre leur carrière professionnelle ou politique", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Commission. "C'est légitime que des personnes dotées d'une grande expérience et de qualifications continuent à jouer des rôles de premier plan dans le secteur public ou privé."