Emmenée par la Belgique, la riposte des pays européens s'organise dans le dossier Opel : ils refusent de faire les frais de la restructuration du constructeur automobile au profit de la seule Allemagne, peu encline à lâcher du lest en pleine campagne électorale.
Lundi, le chef du gouvernement de la région néerlandophone belge de Flandre (nord), Kris Peeters, est venu plaider auprès de la Commission européenne la cause de son usine Opel, qui emploie 2.600 personnes à Anvers et paraît menacée par le plan prévu de restructuration.
Bruxelles, le gendarme de la concurrence dans l'UE, devra en effet arbitrer le dossier.
"Sur des critères économiques, je suis convaincu qu'Anvers est meilleure qu'un certain nombre de sites en Allemagne", a déclaré M. Peeters après avoir rencontré le commissaire européen à l'Industrie, l'Allemand Günter Verheugen.
Il a obtenu l'assurance que les aides à Opel et sa restructuration seraient examinées en tenant compte des arguments économiques.
"De telles décisions doivent être prises uniquement sur des bases économiques et commerciales, et pas pour des raisons politiques", a insisté un porte-parole de la Commission, rappelant que "les règles (européennes) ne tolèrent pas de protectionnisme".
Dimanche soir, le ministre fédéral belge des Affaires étrangères Yves Leterme avait profité d'un dîner avec ses collègues européens chargés du commerce pour se concerter avec l'Espagnol et le Hongrois présents, dont les pays abritent aussi une usine Opel. Et pour protester auprès du représentant allemand.
La fermeture d'Anvers avait été annoncée jeudi presque en même temps que le choix du repreneur d'Opel, l'équipementier canadien Magna adossé à la banque russe Sherbank.
L'Allemagne en revanche, qui a soutenu activement la vente d'Opel à Magna et promis 4,5 milliards d'aides publiques, semble avoir obtenu le maintien de ses 4 usines.
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel évoque pourtant lundi un rapport comparatif selon lequel Anvers est plus performante que le site allemand de Bochum.
La Commission européenne assure ne pas disposer d'un tel rapport. Mais dans les autres pays où Opel est implanté, l'idée s'impose que leurs sites sont sacrifiés pour des raisons politiques.
L'Allemagne est en effet dans la dernière ligne droite de la campagne pour les élections législatives du 27 septembre, et la chancelière Angela Merkel compte bien sur son rôle de "sauveuse" des sites allemands d'Opel pour augmenter ses chances de nouveau mandat.
Les arguments belges ont trouvé lundi de l'écho à Londres et Madrid.
"Toute décision (sur les usines et les emplois) devrait être prise selon des critères de productivité", a indiqué un porte-parole du ministère espagnol de l'Industrie.
"Nous serions beaucoup plus tranquilles" si ce postulat était adopté, car l'usine espagnole de Figueruelas, forte de 7.000 emplois, est considérée comme une des plus productives du groupe en Europe, a-t-il ajouté.
"La Commission ne doit rien accepter qui ressemblerait à un accord politique, et un quelconque lien entre des aides et le maintien d'emplois dans un pays ou une usine en particulier", a aussi averti le ministre britannique du Commerce, Peter Mandelson.
Il a insisté sur les usines "très rentables" de Vauxhall, la jumelle britannique d'Opel qui emploie environ 5.000 personnes.
Pour avoir des certitudes, il faudra attendre les détails des aides publiques allemandes et des restructurations prévues par Magna. Cela pourrait prendre "deux semaines environ", selon un porte-parole de la Commission. Un délai qui coïncide justement avec le verdict des élections allemandes.