PARIS (Reuters) - Les mises en chantier de logements et les permis de construire en France ont enregistré une baisse au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de 2018, confirmant le tassement observé depuis le début de l'année après les records atteints en 2017, selon des données publiées vendredi par le gouvernement.
En données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (chiffres provisoires), le nombre de logements commencés sur la période avril-juin s'inscrit en recul de 2,8%, après une diminution de 3,6% au premier trimestre.
Cette baisse des mises en chantiers s'est manifestée quel que soit le type de logements considéré, qu'il s'agisse des logements individuels, en baisse de 4,9% d'un trimestre sur l'autre, ou des collectifs, en recul de 1,3%.
Parallèlement, les permis de construire se sont également inscrits en baisse, avec un recul 0,6% au deuxième trimestre après une progression de 1,1% sur les trois premiers mois de l'année.
Cette diminution du nombre de logements autorisés a été alimentée par une poursuite de la baisse des permis de construire pour les logements individuels, qui ont chuté de 8,8% d'un trimestre sur l'autre, tandis que ceux accordés pour les logements collectifs ont progressé de 5,1%.
Sur les douze mois à fin juin, les mises en chantier affichent encore une progression de 5,2%, à 422.700, mais les permis de construire reculent de 0,7% à 486.600.
Après une année record en 2017, le marché de la construction résidentielle montre des signes de ralentissement depuis le début de l'année et "ce tassement devrait se poursuivre en 2018-2019", selon une note de Crédit agricole (PA:CAGR) publiée jeudi.
Si le "choc d'offre" prévu dans le projet de loi portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Elan) est favorable à moyen terme, le recentrage graduel sur les zones tendues du prêt à taux zéro (PTZ, prêt aidé par l'Etat pour faciliter l'accession à la propriété des personnes aux revenus modestes) et du dispositif d'aide à l'investissement locatif dit "Pinel", du nom de l'ancienne ministre du Logement Sylvia Pinel, "va réduire les ventes de neuf, en 2018-2019 et plus encore en 2020", rappelle Olivier Eluère, économiste de Crédit Agricole auteur de cette note.
Par ailleurs, l'évolution de la conjoncture, avec une remontée prévue des taux de crédit habitat, et une hausse en vue des prix des logements "vont entamer peu à peu la capacité d'achat des ménages et rendre les acheteurs plus hésitants et attentistes", observe-t-il.
Le projet de loi Elan, qui avait été voté mi-juin par l'Assemblée, a été adopté mercredi en première lecture par le Sénat. Il fera l'objet à la rentrée d'une commission mixte paritaire destinée à tenter de parvenir à un accord des deux chambres sur une version commune du texte.
(Myriam Rivet, édité par Yann Le Guernigou)