Plus de 300 vols annulés pour cause de grève mardi, dont 200 rien que pour les compagnies "low cost": la journée de grève des contrôleurs aériens mardi a mis en évidence le manque de marge de manoeuvre opérationnelle des transporteurs à bas coûts.
L'association Airlines for Europe (A4E), qui regroupe des compagnies classiques (Air France-KLM, International Airlines Group (LON:ICAG), Lufthansa (DE:LHAG), Finnair) et leurs concurrentes à bas coûts ( Easyjet , Jet2.com, Ryanair (LON:RYA), Norwegian et Volotea), a recensé "plus de 300 annulations" le 5 juillet. Parmi celles-ci, plus de 200 vols qui devaient être assurés par des opérateurs low cost.
EasyJet (LON:EZJ) avait annoncé la suppression de 46 trajets, dont 26 en France. Vueling en a annulé 66, parmi lesquels 64 au départ ou à destination de l'Hexagone.
L'irlandais Ryanair a totalisé plus de 100 annulations, qui ont affecté plus de 18.000 clients. Et "plus de 100.000" ont souffert de "retards importants", regrette l'entreprise dans un communiqué.
En cas de conflit social, les compagnies aériennes peuvent être contraintes "d'annuler certains vols pour pouvoir en garantir d'autres", a expliqué Aage Düenhaupt, porte-parole d'Airlines for Europe. Ce choix, décrit par l'association comme "la solution la plus juste", permet aux voyageurs d'être fixés et leur donne "l'opportunité de se réorganiser".
Il arrive que les autorités recommandent des modifications de programme de vols en cas de perturbations importantes. Mardi, les autorités aériennes françaises n'avaient pourtant émis aucune consigne.
"Pour les trois dernières journées de grève (23 et 28 juin et 5 juillet, NDLR), nous n'avons pas demandé d'abattement (annulation, NDLR) de vols car nous avons estimé que le suivi de la grève n'était pas assez important pour justifier des annulations", a fait savoir la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Ces mouvements sociaux peuvent toutefois entraîner des retards sur le trafic, difficiles à absorber en raison des rotations rapides.
- vols 'en rosace' -
Les appareils passent peu de temps au sol. Surtout ceux des compagnies low cost qui écourtent cette durée au maximum pour réduire leurs coûts.
En outre, les court-courriers et les moyen-courriers, le segment clé des low cost, avec des temps de vol plus limités, ont également moins de marge de manoeuvre pour rattraper les retards.
La zone géographique sur laquelle elles exercent a également une influence, puisque, par exemple, "les vols au départ ou à l'arrivée du Royaume-Uni, de l'Irlande et de l'Espagne doivent traverser l'espace aérien français", souligne M. Düenhaupt.
Les compagnies low cost font face à une difficulté supplémentaire, propre à leur mode opérationnel. Le programme de vols est défini selon un modèle dit "en rosace": ils décollent d'une ville pour se rendre à une autre puis à une troisième et ainsi de suite.
"S'il y a un problème lors d'une rotation, tout leur système est déstabilisé", explique Philippe Aliotti, délégué général de l'Union des Aéroports Français (UAF).
Pour réduire les conséquences des mouvements sociaux sur le trafic aérien, certaines sociétés en appellent à la Commission européenne. Ryanair, par exemple, a émis plusieurs demandes, parmi lesquelles le recours obligatoire à l'arbitrage, qui interdirait de facto les grèves.
De son côté, l'UAF propose d'appliquer aux contrôleurs aériens la loi Diard, qui oblige les grévistes à se déclarer à l'avance. Avec cette loi, "nous pourrions mieux anticiper", assure M. Aliotti. "La difficulté que l'on a, c'est de gérer dans l'urgence".