LAUSANNE, Suisse (Reuters) - Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté jeudi l'appel de la Russie contre l'exclusion de ses athlètes des Jeux olympiques de Rio par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), provoquant la colère de Moscou.
"Le TAS a rejeté la demande d'arbitrage déposée par le ROC (le Comité olympique russe-ndlr) et 68 athlètes demandeurs", a déclaré le TAS dans un communiqué.
Cette décision pourrait influencer celle que doit rendre dans les prochains jours le Comité international olympique (CIO) sur une éventuelle exclusion de l'ensemble des sportifs russes des Jeux de Rio, qui débutent le 5 août.
La Russie est une habituée des podiums. En 2012, elle avait ainsi décroché le troisième meilleur total de médailles toutes disciplines confondues.
L'affaire a déclenché un séisme dans le monde sportif, le président russe, Vladimir Poutine, ayant évoqué le risque d'un éclatement du mouvement olympique.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a regretté jeudi la décision du TAS, estimant que "le principe de responsabilité collective est difficilement acceptable".
Une porte-parole du ministère des Affaires Etrangères a, elle, évoqué un "crime contre le sport".
Le Tribunal a "complètement violé les droits des athlètes qui ne se dopent pas, en créant pour la première fois un principe de responsabilité collective", a déploré le ministre des Sports, Vitali Moutko, devant les télévisions russes.
De son côté, la championne olympique de saut à la perche Elena Issinbaïeva a estimé que la décision du tribunal de Lausanne signait "l'enterrement de l'athlétisme".
"Laissons les sportifs étrangers 'soi-disant propres' pousser un soupir de soulagement et gagner leurs soi-disant médailles d'or en notre absence", a-t-elle écrit sur Instagram. "Ils ont toujours eu peur de force".
L'exclusion des athlètes russes de toute compétition internationale a été décidée en novembre par l'IAAF après l'annonce par une commission indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA) de la découverte d'un système généralisé de dopage au sein de l'athlétisme russe. L'IAAF a confirmé sa décision le mois dernier, estimant que la Russie n'avait pas fait assez de progrès dans sa lutte contre le dopage.
La demande d'appel déposée par le Comité olympique russe et les 68 athlètes visés arguait du fait qu'ils étaient punis sans avoir échoué à un test antidopage.
Lundi, un nouveau rapport de l'AMA a dénoncé un dopage systématique et un système organisé de dissimulation de celui-ci au sein du sport russe avant et pendant les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014.
Ce rapport a conduit le CIO à envisager d'interdire à l'ensemble des sportifs russes de participer aux Jeux de Rio. Une décision définitive devrait intervenir dimanche et le CIO a précisé qu'il prendrait en considération la décision du TAS.
Vitali Moutko, a déclaré que Moscou étudiait un éventuel nouveau recours, a rapporté l'agence Interfax.
(Brian Homewood; Marc Angrand pour le service français)