par Rania El Gamal
ABOU DHABI (Reuters) - Les pays arabes membres de l'OPEP s'attendent à un rebond des prix du pétrole dans une fourchette de 70 à 80 dollars le baril à la fin de l'année prochaine avec le regain de la demande lié à l'accélération de l'économie mondiale, ont dit cette semaine des représentants de l'organisation.
Au delà de cette première indication sur le niveau espéré de stabilisation du marché après la forte chute amorcée au début de l'été, ces représentants de l'OPEP, dont plusieurs appartiennent aux pays du Golfe, estiment improbables voire inopportun un retour des cours du baril à 100 dollars ou plus à court terme.
Un temps considéré comme le "juste prix" par de nombreux grands pays producteurs, ce niveau de 100 dollars le baril favorise trop des exportateurs aux coûts de production élevés et non membres de l'OPEP, ont dit certaines sources proches de l'organisation.
Mais elles ne doutent pas que le marché retrouvera un équilibre à l'horizon de la fin 2015, une fois enrayée la course folle à la production d'acteurs aux coûts élevés, comme les producteurs de pétrole de schiste américains, et la demande stimulée par la baisse des prix, sans qu'il soit besoin de réduire la production des pays membres de l'OPEP, qui ont exclu cette éventualité à de nombreuses reprises.
"Le sentiment général est que les cours ne peuvent pas s'effondrer, ils peuvent tomber à 60 dollars voire un peu en-dessous pendant quelques mois et ensuite revenir à un niveau acceptable de 80 dollars le baril, mais probablement après huit mois à un an", a dit à Reuters l'une des sources d'un des pays du Golfe.
Une autre source du Golfe interne à l'OPEP a dit: "Attendons! Nous n'anticipons pas (un baril à) 100 dollars l'année prochaine à moins d'une rupture soudaine d'approvisionnement. Mais une moyenne de 70-80 dollars l'année prochaine, ça oui."
Les cours du baril de Brent, l'une des références du marché mondial du pétrole, ont chuté de plus de 45% depuis le début de l'été passant de 110 dollars à environ 60 dollars actuellement.
PAS D'OBJECTIF DE COURS
L'Arabie saoudite n'a cessé de répéter depuis des mois que le niveau de 100 dollars n'était plus d'actualité, au moins dans un avenir prévisible.
Pas plus tard que le week-end dernier, le ministre saoudien du pétrole Ali al-Naimi estimait peu probable de voir les cours renouer avec les trois chiffres.
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, et ses alliées du Golfe au sein de l'OPEP ont clairement dit que c'est aux autres producteurs, qu'il s'agisse de grands pays exportateurs non membres de l'organisation comme la Russie ou les exploitants américains de pétrole de schiste, de réduire leur production, l'OPEP n'ayant pas vocation à servir de variable d'ajustement et à perdre des parts de marché à leur profit.
Sans l'OPEP pour défendre les cours, le pétrole est en chute libre. Mais intervenir sur le marché actuellement ne ferait que pousser de nouveaux concurrents à continuer d'extraire du pétrole, réduisant encore la part de marché de l'OPEP sans véritable garantie sur une reprise durable des cours, a dit à Reuters une autre source arabe du secteur pétrolier en marge d'une réunion de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole à Abou Dhabi.
"A chaque baisse des prix, on nous demanderait de baisser la production", a dit cette source.
La deuxième source originaire d'un pays du Golfe a réaffirmé que l'OPEP ne serait pas seule à réduire sa production.
Des producteurs non-membres de l'organisation comme la Russie, le Mexique ou la Kazakhstan ou "qui que ce soit qui produit plus d'un million de barils par jour" devraient réduire ou au moins geler leur production s'ils veulent un marché stable et de meilleur prix, a-t-elle dit.
L'OPEP, qui n'affiche pas d'objectif de cours depuis près d'une décennie, ne cherche pas à atteindre un niveau de prix spécifique. L'Arabie saoudite a toujours dit qu'elle recherchait la stabilité des prix mais pas un niveau de cours prédéterminé.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)