Euro-2016: comment les petits équipementiers résistent aux plus gros

Publié le 06/06/2016 13:03
Mis à jour le 06/06/2016 13:45
La sélection islandaise avant un match de qualification pour l'Euro-2016 face à la Turquie, le 13 ocotbre 2015 à Konya (Photo STR. AFP)
ADSGN
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La sélection islandaise avant un match de qualification pour l'Euro-2016 face à la Turquie, le 13 ocotbre 2015 à Konya (Photo STR. AFP)

Ils n'ont ni la puissance financière de Nike, ni le passé historique d'Adidas (DE:ADSGN), mais les petits équipementiers à l'instar de l'Italien Errea (Islande) ou Joma (Roumanie) seront malgré tout présents à l'Euro-2016, grâce à d'autres arguments... Et aussi à un alignement de planètes favorable.

"C'est clair que c'est notre première participation à un championnat d'Europe de football!": Enzo Montrucchio, le directeur France de l'équipementier Errea, ne cache même pas que la présence de la petite marque italienne, grâce à la qualification inespérée de l'Islande pour l'Euro, tient plus du hasard que d'un heureux -- ou génial -- pressentiment.

"Bien sûr, c'est sympathique! Mais c'est un contrat signé en 2002, qui date donc d'il y a pratiquement 14 ans. Jamais on n'aurait pensé qu'ils allaient aller à l'Euro!", s'amuse-t-il dans son français impeccable, à peine mâtiné d'un accent italien.

- Accidents de parcours -

Equiper des sélections nationales de football n'était d'ailleurs pas un impératif pour la marque italienne. Seul "petit" présent à l'Euro avec l'Espagnol Joma et son compatriote Macron, qui équipent respectivement la Roumanie et l'Albanie, sans oublier Umbro (Eire) dans une moindre mesure, Errea approvisionne notamment l'équipe de France de volley, l'USAP en rugby, et encore les clubs anglais de Norwich, qui vient d'être relégué en 2e division ou Nîmes en Ligue 2.

"Les équipes nationales les plus importantes sont déjà liées à des grosses marques", explique Enzo Montrucchio pour qui la stratégie de la marque "dépend de ce que coûte une opération et de ce qu'elle peut rapporter."

Cette ligne directrice n'a que l'apparence de la lapalissade: "D'autres marques, pour pouvoir être partenaires de telle ou telle équipe ou sélection de premier plan, ont fini par déposer le bilan. Pour avoir une entreprise saine, il faut réaliser des investissements à mesure des possibilités."

Et de prendre l'exemple de l'équipe de France: "Elle a passé de bons moments, mais il y a eu des moments plus compliqués en terme d'image, comme l'Italie ou d'autres d'ailleurs. Alors que l'investissement, tu le paies tous les ans."

"Il y a deux possibilités, quand les marques veulent équiper les sélections, expose encore Enzo Montrucchio. Ou elles attendent la dernière minute pour voir qui se qualifie, et il faut alors mettre la main au portefeuille, ou bien elles font des investissements à long terme."

- "Quelques bonus" -

Le président de la fédération islandaise de football, Geir Thorsteinsson, confie d'ailleurs à l'AFP que l'Islande "a été approchée par certains des plus grosses marques après qu'elle se soit qualifiée". "Mais après réflexion nous avons décidé que le mieux était de continuer avec Errea".

"C'est une marque 100% européenne, à qui nous pouvons faire part de nos requêtes directement", poursuit Geir Thorsteinsson. L'originalité est en effet un argument de poids en faveur des petits équipementiers: l'Islande est assurée que son maillot ne ressemblera à aucun autre lors de l'Euro-2016, contrairement, par exemple, au maillot extérieur de l'équipe de France et celui, domicile, de l'Angleterre, fournis par Nike.

Enzo Montrucchio trouve un autre argument en faveur des "petits" face aux gros: "Je suis sûr qu'une marque comme Nike est déjà en train de programmer les produits pour 2018, plutôt que pour 2016. Alors que nous, puisqu'on fabrique nous-mêmes nos produits, on peut attendre la dernière minute pour les fabriquer." Et puis, Geir Thorsteinsson le reconnaît volontiers: "cela change un peu mais les grandes marques ne sont pas toujours intéressées par les plus petites fédérations".

Surtout, les termes du contrat sont intéressants pour les deux parties: Errea s'est engagé à fournir tous les "kits" nécessaires pour toutes les sélections de la Fédération islandaise, mais ne versait pas d'argent pour le sponsoring. "Maintenant nous allons avoir quelques bonus pour les prochaines fois, mais rien de très important", assure Geir Thorsteinsson.

L'Islande s'est donc engagée pour les deux prochaines phases de qualifications, pour la Coupe du Monde 2018 et l'Euro-2020. Et ce même si, sourit Geir Thorsteinsson, "tous les joueurs veulent porter du Nike ou du Adidas..."

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