par Elizabeth Pineau
CALAIS, Pas-de-Calais (Reuters) - François Hollande a confirmé lundi la décision de démanteler "complètement et définitivement" avant la fin de l'année le campement sauvage de la "jungle" de Calais, où vivent au moins 7.000 migrants.
"Tout sera fait d'ici la fin de l'année", a déclaré le chef de l'Etat, qui effectuait sa première visite de président dans cette ville du nord de la France où la présence de migrants candidats à l'entrée au Royaume-Uni provoque des incidents à répétition depuis des années.
Il a promis de revenir, avec le gouvernement, une fois le démantèlement effectué.
Entre 7.000 et 10.000 personnes - selon les autorités et les associations humanitaires - vivent dans des conditions difficiles dans le campement installé le long de la rocade portuaire de Calais, où un mur est en cours de construction.
"Cette situation n'est pas acceptable et chacun ici en a conscience", a dit le président dès son arrivée, devant la caserne de gendarmerie mobile de la ville.
"Nous devons démanteler complètement, définitivement le campement de la lande", a-t-il ajouté en présence du président Les Républicains (LR) de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand et de la maire LR de Calais, Natacha Bouchart.
"Nos inquiétudes restent entières", a dit cette dernière dans un discours, faisant part de ses doutes quant à l'utilité du mur en construction pour protéger les camions des assauts des migrants et aux garanties "que le scénario que nous vivons aujourd'hui ne se reproduise pas dans quelques mois".
"Nous ne voulons pas reproduire ailleurs ce que nous avons vécu ici", a déclaré pour sa part Xavier Bertrand.
François Hollande a plaidé pour une démarche "ordonnée" empêchant la réinstallation de migrants, ce qui suppose une présence des forces de l'ordre sur le long terme.
Samedi, la président avait visité à Tours (Indre-et-Loire) l'un des 164 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) installés en France pour accueillir des migrants.
Selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, 5.500 places ont été recensées pour ceux de Calais.
"POLÉMIQUES"
Cinq jours après la venue à Calais de son prédécesseur LR à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, le président a politisé son discours, mettant en garde contre la tentation de créer des "polémiques" sur ce sujet sensible.
"L'objectif que notre pays s'est fixé (...) se construit avec méthode et en prenant autant qu'il est possible une distance par rapport aux instrumentalisations ou à des polémiques qui d'ailleurs tournent le dos aux principes des valeurs de la République", a-t-il dit, en référence aux débats en cours dans le cadre de la primaire de l'opposition.
Le président s'est posé en garant d'un d'Etat de droit qui "protège" et "est aussi capable de se faire respecter".
Les migrants éligibles au droit d'asile, soit environ 80% de ceux qui vivent à Calais, seront accueillis, tandis que ceux en situation irrégulière devront quitter le pays, a-t-il rappelé.
A Calais, situé à 35 kilomètres des côtes anglaises, François Hollande a demandé aux autorités britanniques de "prendre leur part" à "l'effort humanitaire", malgré le choix du pays de quitter l'Union européenne.
"Ce n'est pas parce que le Royaume-Uni a pris une décision souveraine que le Royaume-Uni est dégagé de ses obligations par rapport à la France. J'allais dire : au contraire", a-t-il dit.
Londres a déjà versé selon le ministère français de l'Intérieur 100 millions d'euros depuis deux ans, de l'argent notamment utilisé pour sécuriser le port de Calais.
Un accord franco-britannique a en outre été passé à propos des mineurs non accompagnés, au nombre de quelque 900 dans le Calaisis. Environ 70 cas ont été réglés pour l'instant.
François Hollande s'est longuement entretenu à huis clos avec les autorités locales à la sous-préfecture de Calais, avant d'inaugurer le chantier d'extension du port de la ville.
"C'est un espoir qui ne peut pas être annihilé, entravé, par la situation migratoire", a dit le président.
Calais est le quatrième port de marchandises et le premier port de passagers de France, avec près de 10 millions de passagers qui y transitent chaque année.
(Edité par Yves Clarisse)