Avec l'évènement Viva Technology, organisé du 30 juin au 2 juillet, Publicis et Les Echos veulent "mettre Paris sur la carte mondiale des start-ups" et aider grandes entreprises et jeunes pousses à travailler ensemble, explique Maurice Lévy, président du directoire de Publicis.
"C'est parti d'une frustration", raconte dans un entretien à l'AFP le parrain de l'évènement, qui a travaillé personnellement à convaincre bon nombre de grands noms de la technologie de participer à ce rassemblement organisé en quelques mois.
"En tant que Français je me sentais frustré de voir que Berlin avait son évènement, Dublin, Londres (...) je me suis dit que ce n'était pas possible que la France n'en ait pas". Un manque qui se fait ressentir d'autant plus depuis la disparition de la conférence technologique parisienne Le Web il y a deux ans.
"C'est un évènement destiné à montrer que la France existe sur la planète numérique" et qui combinera de grandes entreprises travaillant avec des start-ups sur des défis ou challenges et le Hall of Tech avec des innovations apportées par une centaine d'exposants. Seront aussi organisés 300 débats avec de grands patrons ou personnalités tels Eric Schmidt (Alphabet/Google), David Kenny ( IBM (NYSE:IBM) Watson), Jimmy Wales, (Wikipedia) ou Robin Li (Baidu), outre des Français comme Fred Mazzella de BlaBlaCar et Jean-Baptiste Rudelle de Criteo.
Maurice Lévy se félicite notamment que Google (NASDAQ:GOOGL) ait décidé de montrer à Paris sa Google Car, sa voiture sans chauffeur, qui "n'avait jamais quitté la Californie".
Une centaine de fonds d'investissements devraient faire le déplacement pour rencontrer les start-ups et une "plateforme de speed dating" est prévue pour pourvoir des emplois dans dans le numérique.
Pour cet évènement d'un budget supérieur à 10 millions d'euros, "nous visons 30.000 visiteurs et 5.000 start-uppers", indique l'ingénieur informaticien de formation, devenu publicitaire.
Comment jugera-t-il du succès de l'expérience ? "La satisfaction du public". "Il faut que les étudiants et professionnels viennent et aient l'impression d'avoir appris quelque chose. Mais j'aimerais beaucoup qu'il y a ait des deals, que les start-ups trouvent des financements", ajoute-t-il.
"Il serait important que les grandes entreprises et start-ups trouvent quelques espaces de collaboration. S'il y a une dizaine d'accords passés je serait très content". En cas de succès, le rendez-vous devrait être pérennisé.
Pour Publicis ce n'est pas une grande opération en termes financiers, reconnaît-il. "Pour moi ce qui compte par dessus tout, c'est de traiter cette frustration : je souffre que la France ne soit pas mieux représentée dans le numérique".
- Le rêve d'une Silicon Valley en France -
Les grands groupes ont compris qu'ils devaient renforcer leurs capacités technologiques pour ne pas se faire "ubériser". "Walmart, GE aussi, tous les grands groupes américains ont commencé à avoir un pied dans cet écosystème un peu magique qu'est la Silicon Valley, où on trouve une université, des venture capitalists (investisseur spécialisé dans les jeunes pousses, NDLR), des starts-ups et des grandes plateformes", remarque Maurice Lévy.
"Moi je rêve de trouver cela en France. Je rêverais qu'autour de Paristech, d'Orsay, de Polytechnique, on retrouve un ensemble qui permettrait de mettre des investisseurs, des accélérateurs ensemble pour qu'on ait un foisonnement d'idées et créer quelques start-ups de poids et quelque chose de formidablement innovant", plaide-t-il.
Les start-ups bousculent les habitudes des grands groupes mais leur permettent de se réinventer, souligne-t-il : "Elles n'ont aucune contrainte, elles se foutent de l'existant. Par exemple Uber n'aurait pas pu être inventé dans une entreprise de transport".
Pour Maurice Lévy, Publicis a plutôt bien réussi sa transformation. "On est parti de l'idée que le monde de la quatrième révolution industrielle est à nos portes, que les entreprises sont contraintes de se transformer et que Publicis devait être ce partenaire". C'est ainsi que le groupe publicitaire a acquis l'an dernier la société américaine Sapient de conseil et de technologie, spécialiste du commerce électronique, pour 3,7 milliards de dollars.
Interrogé sur sa succession, le dirigeant de 74 ans qui devrait terminer sa carrière en 2017 veut, là encore, une transformation. "Mon successeur idéal est celui qui portera Publicis à la prochaine étape, et qui me fera passer pour un nain par rapport au travail qu'il aura accompli", avance-t-il.
Viva Technology est organisé du 30 juin au 2 juillet au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.