Le gouvernement français a lancé mardi un nouvel arsenal pour attirer plus de touristes étrangers et leur faire dépenser plus: des contrats de destination censés créer des "marques de territoire" ultra visibles à l'international.
"La France est en matière touristique un peu comme un élève surdoué qui ne donne pas encore sa pleine mesure", a estimé le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, en signant mardi 11 contrats de destination avec des territoires identifiés.
"Dire que la France fait figure d'élève surdoué en matière de tourisme, ce n'est pas faire marque d'arrogance. C'est un fait", a dit le ministre, en listant les atouts naturels et culturels du tourisme français.
Mais il a aussitôt rappelé les "ombres" au tableau: d'abord, le fait que les touristes "ne restent pas assez longtemps et ne dépensent pas suffisamment". "Les Espagnols accueillent 25% de touristes de moins que nous mais ça leur rapporte 25% en plus", a souligné M. Fabius. Ensuite, la focalisation des touristes sur Paris et "deux ou trois régions".
D'où ces contrats de destination nouvelle mouture lancés mardi, dont le principe avait été annoncé lors de la clôture des Assises du tourisme en juin.
Onze territoires ont été sélectionnés parmi une quarantaine de dossiers pour être mis en avant autour de thématiques, afin d'attirer au-delà de Paris les précieux touristes étrangers pourvoyeurs de devises.
- 'Ambitieux et pragmatique' -
Les 11 heureux élus sont les Alpes, l'Auvergne, la Baie du Mont-Saint-Michel, "Biarritz, destination golf", Bordeaux, la Bourgogne, Lyon, le massif des Vosges, les montagnes du Jura, le Val de Loire, et "la Normandie et l'Ile-de-France, destination impressionnisme".
L'objectif est de fédérer le plus possible les pouvoirs publics et les intervenants privés (chaînes d'hôtels, etc) autour d'un territoire donné, en termes humains et financiers, pour créer une "marque de territoire" qui attire au-delà des frontières. "Comme on parle d'une marque commerciale", a relevé M. Fabius.
Chaque contrat de destination mettra en avant une ou deux thématiques "porteuses", comme l'oenologie pour Bordeaux et la Bourgogne, la santé et le bien-être en Auvergne ou la gastronomie à Lyon.
Et chacun recevra de l'Etat une dotation de 75.000 euros sur trois ans: la moitié "avant Noël", 30% en 2015 et 20% en 2016.
Pour Christian Mantei, le directeur général d'Atout France (organe de promotion du tourisme français), "un dispositif d'une telle envergure manquait au développement des territoires".
Selon lui, "la dynamique de partenariat va créer un effet levier: l'Etat met 75.000 euros dans chaque contrat mais à la sortie, on aura 5 à 10 fois plus". Car "pour chaque dossier, il y a un budget d'action composé des investissements des partenaires", dit-il à l'AFP.
La communication visera en priorité certains "marchés cibles".
L'impressionnisme a été retenu comme fil rouge d'un contrat de destination réunissant Normandie et Ile-de-France "car cela nous permet de toucher immédiatement des marchés lointains qui sont pour nous des marchés de conquête, comme le Japon et l'Amérique", explique à l'AFP François Navarro, le directeur du Comité régional du tourisme (CRT) de Paris Ile-de-France.
"En 2015, nous allons communiquer autour de Van Gogh qui est enterré à Auvers-sur-Oise, dans le Val-d'Oise. Ce sera le 125e anniversaire de sa mort. On va labelliser des évènements +destination Impressionnisme+. Jusqu'à présent, il y a eu assez peu de communication sur le thème de l'impressionnisme", ajoute M. Navarro.
Or Giverny, en Normandie, attire à lui seul près d'un million de visiteurs par an, entre la maison de Claude Monet et le musée des impressionnistes...
Laurent Fabius a de grandes ambitions pour la France: le pays a accueilli 84,7 millions de visiteurs internationaux en 2013 et le ministre cible les 100 millions. Interrogé par l'AFP sur sa confiance d'y parvenir d'ici 2020, il s'est montré prudent: "Ça va monter. Mais ne parlons pas d'une date. Soyons à la fois ambitieux et pragmatiques", a-t-il déclaré.
Seule certitude, Paris ne suffira pas: "Si on veut passer de 84 à 100 millions, ce qui est tout à fait à notre portée, il faut que ce soit beaucoup grâce aux autres régions", a dit le ministre.