Le Medef a donné mardi le coup d'envoi de sa contribution au débat pour l'élection présidentielle, en présentant sa vision qu'il souhaite "enthousiasmante" pour les prochaines années en France, dans un contexte de fronde sociale et de défiance accrue vis-à-vis du patronat.
"Nous sommes arrivés à un moment où on doit, à douze mois d'une élection présidentielle, réexpliquer un projet pour la France, une ambition enthousiasmante, conquérante pour le pays", a déclaré devant la presse le président de l'organisation patronale Pierre Gattaz.
"On le voit bien, la France va mal, les gens se castagnent, défilent, il n'y a plus de vision, les gens n'ont plus d'espoir en France", a-t-il estimé.
"Il faut redonner cet espoir car nous sommes un grand pays, nous avons des atouts formidables", a-t-il ajouté, prêchant le renforcement de l'estime de soi en guise de méthode Coué contre la pratique de l'auto-dénigrement à la française.
S'appuyant notamment sur la consultation de 20.000 chefs d'entreprises et les réflexions de 80 groupes de travail en régions, le Medef a publié un livre intitulé "Le monde change, et la France?", énumérant les sept défis à relever selon lui - mondialisation, Europe, développement durable, filières d'avenir, numérique, entrepreneuriat et épanouissement des hommes et des femmes.
Il liste par ailleurs les principes d'action pour y parvenir: "se reposer la question du sens et des valeurs", essayer la méthode du "bottom-up" - qui consiste à partir d'en bas pour trouver des solutions -, "jouer collectif" et propager l'"esprit d'entreprendre".
L'organisation patronale prépare en outre des propositions de réforme à l'adresse des candidats qui seront dévoilées en décembre.
- Méthode Coué ? -
"Il faut réexpliquer la mutation du monde, le monde s'accélère, les mutations s'accélèrent", a plaidé M. Gattaz, jugeant que cela permettrait aux Français "d'accepter les réformes fondamentales qu'il faut faire" et clamant que l'entreprise est "le vecteur du changement fondamental du pays".
Mais alors que le Medef est la cible de nombreuses critiques, en particulier sur son rôle dans l'échec de la négociation sur l'assurance chômage et dans un contexte de fronde contre le projet de loi travail, cette initiative n'est-elle pas vouée à l'échec?
"Aujourd'hui, dans le contexte actuel, ce que l'on retient du Medef, ce sont les déclarations à la hache sur les syndicats, les excès de langage de M. Gattaz", a souligné Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, relevant par ailleurs un "vrai malaise à l'intérieur" de l'organisation.
"Il y a une crise sociale très importante en France aujourd'hui, des manifestations. Il faut repositiver tout ça, il faut qu'on se retrouve autour d'un projet", a estimé M. Gattaz, se défendant par ailleurs d'avoir été à l'origine du fiasco de la négociation Unédic.
"Soit on passe (au Medef, NDLR) pour des affreux grincheux, des affreux pleurnichards en disant +c'est terrible ce qui nous arrive+, soit on repositive tout", a-t-il insisté, évoquant des "projets de loi qui induisent plus de complexité et de coûts" pour les entreprises.
Voulant battre en brèche l'image de l'organisation patronale auprès d'une partie du grand public, M. Gattaz s'est dit "contre l'ultra-financiarisation et l'ultra-libéralisme", et suggéré que son organisation pourrait sur certains aspects "se remettre en cause".
"Le code (de bonne gouvernance des entreprises) Afep-Medef peut évoluer, par rapport à un sens, à des valeurs", a-t-il ainsi dit.
Afin de partager cette vision "positive", le Medef organise mercredi au Conseil économique, social et environnemental (Cese) une journée de débats et d'ateliers réunissant des chefs d'entreprises, des personnalités de divers bords, ou encore des enseignants et chercheurs.