Le ministre des Finances Michel Sapin a estimé vendredi qu'il ne fallait pas chercher à "se partager les dépouilles" britanniques, en essayant d'attirer des entreprises qui voudraient quitter le Royaume-Uni après le Brexit.
"Il ne faut pas être dans une attitude où on se partagerait des dépouilles, je pense que ce serait parfaitement incorrect et que ce serait dommageable", a déclaré vendredi M. Sapin à des journalistes, en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Interrogé sur la décision de la compagnie aérienne EasyJet (LON:EZJ) de demander un certificat de transporteur aérien dans un autre pays de l'Union européenne, une mesure destinée à lui conserver l'accès libre au ciel européen malgré le Brexit, M. Sapin a répété ne pas être "pour une politique des dépouilles".
"Je suis pour une politique constructive, une politique qui permette de mettre de la visibilité, de la sécurité, de la sûreté, c'est comme ça que les bonnes décisions économiques se prendront", a-t-il dit.
"Après, on peut accompagner telle ou telle entreprise. Mais on n'est pas là à aller chercher un tel ou un tel en disant +quittez la Grande-Bretagne, venez chez nous+. S'ils veulent le faire, ils le feront d'eux-mêmes", a-t-il estimé.
Le ministre a appelé à "respecter le vote britannique" et jugé que les autorités britanniques devaient le mettre en oeuvre "le plus vite possible".
"Pour le reste, ce sont les acteurs économiques qui vont librement se décider", a-t-il poursuivi. "Mais moi, je ne me lancerai pas aujourd'hui dans une opération tapis rouge à contresens", a-t-il affirmé.
Le ministre avait pourtant déclaré mardi que la place financière de Paris devait se "renforcer" après le Brexit, et que le "tapis rouge" entre Paris et la City restait "en place" et pouvait "fonctionner dans les deux sens".
En 2012, un mois après l'élection de François Hollande, le Premier ministre britannique David Cameron avait provoqué une polémique en se disant prêt à "dérouler le tapis rouge" aux exilés fiscaux français.