Fondée il y a près de six ans par deux petits génies irlandais de 25 et 27 ans, Stripe, plateforme américaine de services de paiements mobiles, valorisée à 5 milliards de dollars, débarque en France, une simple étape pour un groupe aux objectifs mondiaux.
Déjà présente dans 25 pays, Stripe est l'une des dernières "licornes" - club fermé de start-up dont la valorisation a atteint le milliard de dollars - en vogue.
Son concept: fournir aux commerces en ligne la palette la plus large possible d'outils en matière de paiements et de transactions.
L'idée est née de deux frères, Patrick et John Collison, qui s'étaient heurtés aux difficultés du paiement en ligne avec leur première start-up, Auctomatic, dédiée à la vente aux enchères en ligne et revendue 5 millions de dollars alors qu'ils avaient 17 et 19 ans.
"On a voulu résoudre ça", a expliqué à l'AFP, John Collison, le cadet, de passage cette semaine à Paris pour le lancement de son groupe.
"L'idée est de permettre aux nouveaux entrepreneurs de lancer facilement leur commerce en ligne et d'accepter de l'argent quelle que soit sa provenance", décrit le jeune président de Stripe, dont la plateforme reconnaît les paiements en 130 devises et ceux effectués via Apple (NASDAQ:AAPL) Pay, Android Pay, Alipay, ainsi qu'en bitcoin.
Paiement en un clic, gestion des abonnements payants, des flux d'argent entre un commerçant et ses collaborateurs, sécurisation des transactions, etc.: Stripe veut tisser sa toile dans les technologies comptables et financières.
Et semble y arriver avec plusieurs milliards d'euros de transactions revendiqués pour des milliers de clients, de la micro-entreprise au groupe coté, dont Facebook (NASDAQ:FB), Twitter, Pinterest, The Guardian, Deliveroo.
La fintech (start-up dédiée à la finance) basée à San Francisco, qui se voit plus comme une société technologique que financière, souligne avoir levé 300 millions de dollars auprès notamment de Visa, American Express ou du fondateur de PayPal.
En France, "deux tiers des starts-up créées à Paris ces 18 derniers mois ont choisi Stripe", avance à l'AFP Guillaume Princen, directeur France et Europe du Sud.
- Coqueluche du web, repérée par Obama -
La dernière application à succès du groupe, Atlas, qui permet à n'importe quelle entreprise dans le monde d'être immatriculée rapidement aux Etats-Unis et d'y créer des comptes bancaires moyennant 500 dollars, accélère également son développement à l'international.
Repérés par l'administration Obama, les frères Collison ont été invités à suivre le chef d'Etat à Cuba avec d'autres entrepreneurs triés sur le volet. Depuis, les Cubains peuvent disposer de ce service.
Opportuniste, Patrick, l'aîné et directeur-général du groupe, en a vanté les mérites aux Turcs la semaine dernière après l'annonce par Paypal de la suspension de ses activités en Turquie, faute de renouvellement de ses licences par les autorités.
Atlas va prochainement proposer deux nouveaux pays de domiciliation, pour le moment tenus secrets, a précisé à l'AFP Kelly Sims, porte-parole du groupe.
Le silence est également de mise concernant les revenus et les objectifs chiffrés. Hors de question de donner une idée de la taille réelle de l'activité.
Pour le moment, Stripe n'a pas de projet d'introduction en Bourse non plus. Peut-être le sort d'autres "licornes", malmenées sur les marchés, telles Square (NYSE:SQ), également dans le paiement mobile, ou Twitter font-ils réfléchir.
Stripe, qui compte 480 collaborateurs dans dix bureaux dans le monde, divulgue néanmoins le montant de sa commission de base en France (1,4% plus 0,25 euro par transaction réussie). Un tarif modulable en fonction de la taille des clients, précise M. Princen.
Nouvelle sensation du web, Patrick et John Collison, qui ont arrêté leurs études, respectivement de mathématiques au MIT et de physique à Harvard, pour se consacrer à Stripe, représenteront la semaine prochaine l'Irlande pour le titre de meilleur entrepreneur du monde décerné par EY.
Des nouveaux Zuckerberg ? "Nous n'en sommes pas là", bredouille un John Collison rougissant.
"C'est facile après avoir connu un petit peu de succès de se laisser aller et d'être autosatisfait", reprend-il, tout en assurant qu'avec son frère, "nous passons la plupart de notre temps à réfléchir à tout le travail qui nous reste pour s'étendre internationalement et faciliter le développement des entrepreneurs en ligne".