par Wiktor Szary
VARSOVIE (Reuters) - Le second tour de l'élection présidentielle ce dimanche en Pologne entre Bronislaw Komorowski, qui brigue un second mandat, et son adversaire de la droite conservatrice Andrzej Duda s'annonce particulièrement indécis.
Le scrutin était pourtant considéré il y a quinze jours encore comme une formalité pour le président sortant, soutenu par la Plate-forme civique (PO, droite libérale qui dirige le gouvernement).
Mais le premier tour, le 10 mai, a rebattu les cartes. Alors que les sondages donnaient Komorowski en tête avec 35 à 40% des intentions de vote, c'est le candidat du parti Droit et justice (PiS) qui a viré en tête avec 34,7% des voix contre 33,8% pour son rival.
Lors de la précédente présidentielle, en juillet 2010, Komorowski l'avait emporté au second tour avec 53% des voix face au candidat du parti conservateur, Jaroslaw Kaczynski.
L'issue du vote dimanche dépendra en partie des reports des 20,8% voix qui se sont portées au premier tour sur Pawel Kukiz, un rocker converti en politique.
Dans les institutions polonaises, le pouvoir est principalement concentré entre les mains du Premier ministre mais le président a un pouvoir d'initiative législative et de veto. Il commande également les forces armées et exerce une influence sur la politique étrangère.
Agé de 43 ans, Duda, ancien conseiller juridique et élu au Parlement européen, a d'ores et déjà réussi une performance de taille qui inquiète la Première ministre, Ewa Kopacz, qui a succédé en septembre, mais sans passer par la case des élections, à Donald Tusk, appelé au poste de président du Conseil européen.
S'il l'emporte ce dimanche, il offrira au parti Droit et justice sa première victoire majeure depuis sa défaite aux législatives d'octobre 2007 et placera l'opposition conservatrice sur de bons rails avant les législatives prévues pour cet automne.
"Peut-être ces années ont-elles été bonnes, mais seulement pour un tout petit groupe", a déclaré Duda lors d'un meeting de campagne vendredi à Cracovie, sa ville natale. "Oui, le temps est venu pour le changement, pour mettre fin à cette présidence léthargique et indolente", a ajouté le candidat du PiS.
Depuis 2007, sous la direction de la Plate-forme civique, la Pologne a connu une période de croissance économique et d'augmentation des salaires. Mais nombre de Polonais estiment que les fruits de cette croissance sont inéquitablement répartis et déplorent un accroissement des inégalités.
Dans l'entre-deux tours, Komorowski, 62 ans, qui avait mené une campagne tranquille avant le 10 mai, a changé de braquet. Désormais sous la menace, il a appelé à la mobilisation. "Les sondages laissent entendre que quelques milliers de voix feront la décision, peut-être même quelques centaines", a-t-il dit vendredi.
(avec Agnieszka Barteczko et Pawel Sobczak; Henri-Pierre André pour le service français)