Le Brésil "a reçu avec surprise" l'annulation par les Etats-Unis de l'achat de 20 avions d'attaque légers d'Embraer et estime que cette décision "ne favorise pas les relations de défense entre les deux pays", a déclaré jeudi le ministère des Affaires étrangères.
L'Armée de l'air américaine a annoncé abruptement mardi l'annulation d'un contrat de 355 millions de dollars pour l'achat de 20 AT-29 Super Tucano fabriqué par le brésilien Embraer et a annoncé l'ouverture d'une enquête sur son attribution.
Selon un source gouvernementale brésilienne, cette annulation "affectera" et "sera prise en compte" dans la décision du Brésil concernant l'attribution d'un super contrat de plusieurs milliards de dollars pour la modernisation de son Armée de l'air.
Le gouvernement brésilien "a reçu avec surprise la nouvelle de la suspension du processus d'appel d'offres" des avions, "en particulier sa forme et le moment auquel elle a été faite", a dit le ministère dans un communiqué.
De même, il a affirmé que cette décision "ne contribuait pas à approfondir les relations entre les deux pays dans le domaine de la défense".
Cependant, le gouvernement brésilien "poursuivra le dialogue avec les autorités américaines à ce sujet".
La ministre brésilienne Dilma Roussef doit effectuer le 9 avril son premier voyage officiel aux Etats-Unis.
La décision américaine fait suite au dépôt d'une plainte par un avionneur américain, Hawker Beechcraft, mécontent que son appareil AT-6 ait été écarté.
Mercredi, le Pentagone avait toutefois annoncé qu'il allait relancer cet appel d'offres pour la fourniture d'avions destinés à l'armée afghane.
"Embraer est une grande entreprise et le Super Tucano est un très bon avion. Les Etats-Unis sont au centre d'un processus interne, mais demeurent intéressés" par l'achat de ces 20 appareils, a indiqué jeudi à Rio de Janeiro M. Burns, le numéro deux du Département d'Etat américain, William Burns.
Selon lui, cette annulation "n'est pas liée" à l'appel d'offres visant à moderniser l'armée de l'air brésilienne qui oppose le Rafale français, donné pour favori, au F-18 de l'Américain Boeing et au Gripen-NG du Suédois Saab.
Le F/A-18 Super Hornet est en compétition avec le Rafale et le Gripen NG pour remporter ce méga contrat évalué entre 4 et 7 milliards de dollars, dont le Brésil avait annoncé le report en 2011 après un coupe budgétaire.
"Je ne pense pas que les deux questions soient liées (...) Ce sont deux questions différentes", a déclaré M. Burns, insistant sur le fait que Boeing est toujours en lice pour remporter l'appel d'offres avec ses F-18.
Suite à l'annulation du contrat mardi, le commandant en chef de l'Armée de l'air américain, le général Norton Schwartz, s'était dit "embarrassé" par cette affaire, qui survient alors que le Pentagone avait promis de réformer ses procédures d'appel d'offres après les interminables rebondissements du contrat des avions ravitailleurs, finalement remporté il y a un an par Boeing aux dépens d'Airbus.