L'ex-Premier ministre UMP François Fillon demande à l'exécutif de suspendre provisoirement le compte pénibilité et d'abroger l'interdiction des temps partiels à moins de 24 heures par semaine car la "pérennité" de beaucoup d'entreprises lui semble "menacée".
"Les amours estivales de Manuel Valls avec les entreprises n'ont pas survécu à l'automne", observe le député de Paris, dans une interview à L'Opinion jeudi. "Je n'y ai jamais vu qu'une posture", "les actes n'ont pas suivi".
Pour lui, la "pérennité" de beaucoup d'entreprises, "notamment des PME, est menacée. C'est ce qui aboutit aux manifestations de cette semaine".
Le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui appelle à lever l'obligation de justifier un licenciement ou à supprimer l'impôt sur la fortune (ISF), n'en fait-il pas trop? "Chacun son style et ce n'est pas le sujet", tranche Fillon. "Il n'est pas normal que le gouvernement stigmatise ainsi un partenaire social."
Pour apaiser la colère des entrepreneurs, l'ancien chef de gouvernement suggère de "suspendre pendant deux ans l'entrée en vigueur du compte pénibilité, le temps de tout remettre à plat".
Cette mesure phare de la réforme des retraites, qui entrera en vigueur partiellement le 1er janvier, donne la possibilité aux salariés subissant des conditions de travail difficiles de partir plus tôt à la retraite. Le patronat, qui devra identifier les salariés éligibles à ce compte, dénonce une "usine à gaz".
"En l'état, il est impossible à appliquer et représente une menace lourde pour l'équilibre des retraites", estime M. Fillon.
"Ensuite il faut abroger l'interdiction des temps partiels à moins de 24 heures par semaine". "Je propose aussi de suspendre les seuils sociaux pour un ou deux ans, puisque la négociation sur ce sujet semble vouée à l'échec", ajoute-t-il.
Ces seuils multiplient les obligations des entreprises quand leurs effectifs augmentent, telles que celle d'avoir avoir un délégué du personnel au 11e salarié, ou un comité d'entreprise (CE) et un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) au 50e.