Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis a reconnu vendredi que l'un de ses nouveaux traitements anti-cancéreux, qui avait atteint le stade ultime des essais cliniques, n'avait pas répondu aux attentes placées en lui, provoquant un fort recul de son titre en Bourse.
"Une étude de phase III (...) chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique triple-négatif n’a pas satisfait de manière significative aux deux critères d’évaluation principaux prédéfinis, qui étaient la survie globale et la survie sans progression", écrit le laboratoire dans un communiqué.
Les essais en phase III, menés à large échelle, précèdent immédiatement la demande d'autorisation et de commercialisation de mise sur le marché.
"Nous allons faire une analyse en profondeur de ces résultats", a indiqué le numéro six mondial de la pharmacie, sans se prononcer sur l'avenir de sa molécule, l'Inaparib, qui était en cours d'évaluation aux Etats-Unis.
A la Bourse de Paris, le titre Sanofi-Aventis a terminé sur un recul de 3,82% à 49,21, ce qui en a fait la plus forte baisse de l'indice CAC40.
"C'est une mauvaise nouvelle pour le groupe" qui avait fait l'acquisition de l'Inaparib en 2009 auprès de BiPar Sciences, a commenté un analyste parisien.
Pour la Deutsche Bank, qui tablait sur un succès au vu des "résultats impressionnants" des études de phase II, l'échec du traitement est un "choc" et marque un "vrai revers" pour Sanofi. La banque a revu à la baisse de 3% ses prévisions de résultats pour le groupe, mais reste à l'achat sur la valeur.
Les analystes de la banque Natixis ont de leur côté abaissé leur objectif de cours sur le titre à 61 euros contre 63 auparavant.
Sanofi-Aventis va discuter des résultats avec les autorités de santé américaine et européenne "très rapidement". Les conclusions complètes de l'étude seront présentées prochainement à une conférence de cancérologie.
"Il n'est pas dit que ce traitement ne puisse pas bénéficier à une partie des malades, ce qui serait moins dramatique", a tempéré un analyste.
"Sanofi-Aventis confirme son engagement à apporter des solutions aux patientes atteintes d'un cancer du sein +triple négatif+, où les besoins sont largement insatisfaits", a d'ailleurs commenté le Dr Debasish Roychowdhury, vice-président de la division oncologie, cité dans le communiqué.
Deutsche Bank estime que l'Inaparib pourrait être utile en seconde ou troisième indication pour les patients n'ayant pas réagi à d'autres traitements. Mais il faudra pour une telle indication de nouveaux tests qui vont retarder le processus d'homologation de deux ou trois ans.
L'autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration (FDA), avait accepté d’examiner le dossier selon une procédure accélérée, réservée aux traitements qui pourraient améliorer la vie des patients atteints d’une maladie grave et dont les traitements actuels ne sont pas satisfaisants.
L’Iniparib est une molécule destinée à lutter contre les cancers du sein agressifs. Le laboratoire espérait qu'elle allonge l’espérance de vie des femmes atteintes d’une tumeur dite "triple-négative" au stade avancé.
L'étude finale incluait 519 femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique "triple-négatif" aux Etats-Unis. Les patientes recevaient de manière aléatoire un protocole de chimiothérapie classique le premier et le huitième jour de chaque cycle menstruel de 21 jours.
Le cancer du sein "triple négatif" correspond à 15 à 20% des cas de cancer du sein. Il s'agit d'une forme agressive et difficile à traiter, parce que les cellules cancéreuses ne répondent pas aux traitements habituels.