Par David Wagner
Investing.com - La Banque centrale européenne a enfin elle aussi pris des « mesures d’urgences », en annonçant hier un nouveau programme élargi d'achat d'actifs financiers afin de calmer les marchés alors que les autorités monétaires s'efforcent de contrer les ravages que l'épidémie de coronavirus cause à l'économie mondiale.
La BCE a déclaré qu'elle pourrait acheter jusqu'à 750 milliards d'euros (820 milliards de dollars) d'obligations d'État et du secteur privé d'ici la fin de l'année.
Ces mesures interviennent moins d’une semaine après la dernière réunion de la BCE, qui avait déçu les investisseurs avec des décisions jugées trop timide, et notamment une absence de baisse de taux.
La BCE a déclaré que ses achats, baptisés "Programme d'achat d'urgence en cas de pandémie", auraient pour but de maintenir les coûts d'emprunt à un niveau bas afin de soutenir les perspectives de l'économie européenne et de s'assurer que les taux de référence bas de la banque continuent à se répercuter sur les entreprises et les consommateurs.
La banque centrale a par ailleurs déclaré qu'elle était "déterminée à jouer son rôle en soutenant tous les citoyens de la zone euro en cette période extrêmement difficile".
"À cette fin, la BCE veillera à ce que tous les secteurs de l'économie puissent bénéficier de conditions de financement favorables leur permettant d'absorber ce choc", a déclaré la BCE. "Cela s'applique également aux familles, aux entreprises, aux banques et aux gouvernements."
Le conseil d'administration de 25 membres a aussi déclaré que si nécessaire, il pourrait augmenter ses achats "autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire".
Rappelons que les coûts d'emprunt sur le marché, notamment pour l'Italie fortement endettée, ont augmenté. Les achats de la BCE peuvent faire baisser les taux d'intérêt du marché et réduire les craintes que les pays endettés ne se retrouvent en difficulté financière.
La hausse des rendements obligataires est un sujet délicat en Europe, face au souvenir de la crise de la dette de la zone euro en 2010-2012, lorsque les turbulences du marché et la hausse des coûts d'emprunt des gouvernements ont menacé de faire éclater la Zone Euro.
Cette crise avait été calmée par des mesures similaire de la BCE qui avait acheté des obligations de pays souffrant de coûts d'emprunt excessifs, tandis que Mario Draghi, le président de la banque à l'époque, clamait que la BCE ferait "tout ce qu'il faut" pour préserver l'euro dans un discours qui est resté dans les annales.
Cependant, il faut noter que le nouveau programme d'achat de la BCE présente une différence essentielle, car il n’est pas conditionné à la mise en place d’un programme d’austérité, et les pays n’auront pas à formuler de demande.