Investing.com - Le rapport annuel de la Banque des règlements internationaux (BRI), parfois appellée la "banque centrale des banques centrales" a été publié dimanche, et comme on pouvait s’y attendre, son analyse de l’économie mondiale est assez sombre.
"Au minimum, une période de croissance inférieure à la tendance sera nécessaire pour ramener l'inflation à des niveaux acceptables. Mais un modeste ralentissement pourrait ne pas suffire. La réduction de l'inflation pourrait impliquer des coûts de production importants, comme après la "grande inflation" des années 1970", peut-on lire dans le rapport.
La BRI a ainsi clairement envisagé un scénario de stagflation : "Dans le pire des cas, l'économie mondiale pourrait être engagée dans une période de stagflation, impliquant à la fois une faible croissance, voire une récession pure et simple, et une forte inflation."
Agustín Carstens, directeur général de la BRI, a par ailleurs souligné la gravité de la situation :
"La combinaison actuelle d'une forte inflation et de niveaux d'endettement historiquement élevés est sans précédent », ajoutant : "Pendant trop longtemps, la politique budgétaire et monétaire a été la solution économique à privilégier, entraînant une croissance alimentée par la dette. Elles sont désormais à bout de souffle".
Et il semblait de plus préciser que cette situation est inéluctable :
"Au fur et à mesure que la politique monétaire se resserre, des tensions avec la politique budgétaire vont apparaître. À mesure que la normalisation monétaire s'accélère, les taux de croissance seront probablement plus proches des taux d'intérêt, voire inférieurs à ceux-ci"
La BRI est loin d’être la seule à envisager une stagflation. Le célèbre économiste Mohamed El-Erian a par exemple annoncé lors d’une interview sur Yahoo Finance dimanche que la stagflation est désormais son scénario le plus probable :
"La ligne de base est la stagflation - ce que nous vivons actuellement", a déclaré Mohamed El-Erian, sous-entendant que cela ira de mal en pire : "Vous avez donc une ligne de base qui n'est pas très confortable, la stagflation, et ensuite vous avez une balance des risques qui va dans le mauvais sens - la récession."
Enfin, on soulignera que le "crainte de la stagflation", telle que mesurée par l'enquête mensuelle de la Bank of America (NYSE:BAC) auprès des gestionnaires de fonds, a atteint son niveau le plus élevé depuis juin 2008.