Par David Wagner
Investing.com - La Réserve fédérale, affirmant que "l'épidémie de coronavirus a porté préjudice aux communautés et perturbé l'activité économique dans de nombreux pays, y compris aux États-Unis", a réduit les taux d'intérêt à pratiquement zéro dimanche à l'occasion d'une décision d'urgence et a lancé un programme massif d'assouplissement quantitatif de 700 milliards de dollars.
Le taux directeur de la Fed sera désormais fixé entre 0 et 0,25 %, contre une fourchette précédente de 1 à 1,25 %, après une première baisse de taux d'urgence de 0,5% le 3 mars.
Face à des marchés financiers très perturbés, la Fed a également réduit de 125 points de base le taux des prêts d'urgence au guichet d'escompte pour les banques, le ramenant à 0,25 %, et a allongé la durée des prêts à 90 jours.
La Fed a également réduit à zéro les réserves obligatoires pour des milliers de banques. En outre, dans un mouvement coordonné à l'échelle mondiale par les banques centrales, la Fed a déclaré que la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale et la Banque nationale suisse ont pris des mesures pour accroître les liquidités en dollars dans le monde entier grâce aux accords de swap en dollars existants.
Les banques ont abaissé le taux de ces lignes de swap et ont prolongé la durée de ces prêts. Les mesures prises par la Fed sont apparues comme la plus grande série de mesures jamais prises par la banque centrale en une seule journée, soulignant la gravité de la situation, qui ne semble n'avoir rien à envier à la crise financière de 2008 en ce qui concerne l'ampleur de la réaction de la Fed.
Lors d'une conférence de presse tenue dimanche soir après la décision, Powell a déclaré que la Fed serait patiente avant de relever à nouveau les taux.
"Nous maintiendrons le taux à ce niveau jusqu'à ce que nous soyons convaincus que l'économie a résisté aux récents événements et qu'elle est sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs maximums en matière d'emploi et de stabilité des prix", a déclaré Powell.
"C'est le test ... certaines choses doivent se produire avant que nous envisagions ... nous allons observer et nous serons certainement prêts à être patients", a-t-il ajouté.
Les achats d'actifs du nouveau QE seront répartis entre 500 milliards de dollars de Treasurys et de 200 milliards de dollars de titres hypothécaires. La Fed a déclaré que les achats commenceront lundi avec un versement de 40 milliards de dollars.
La Fed a ajouté dans sa déclaration qu'elle "est prête à utiliser toute sa gamme d'outils pour soutenir le flux de crédit aux ménages et aux entreprises et ainsi promouvoir ses objectifs maximaux en matière d'emploi et de stabilité des prix".
Ce que la Fed ne fera pas
Toutefois, la Fed a aussi définit des limites, en expliquant ce qu'elle ne fera pas, excluant notamment le recours à des taux négatifs :
"Nous ne considérons pas que des taux directeurs négatifs soient une réponse politique appropriée ici aux États-Unis", a déclaré le président en réponse à une question posée lors d'une conférence téléphonique.
Les taux négatifs sur les rendements des obligations d'État sont devenus monnaie courante en Europe et au Japon. Le président Donald Trump, qui a fait pression sur la Fed pour une politique monétaire plus facile, a également mentionné l'avantage des taux négatifs.
La Réserve Fédérale a également stipulé qu'elle n'élargira pas ses critères d'achats d'actifs pour le QE pour acheter des actions ou obligations d'entreprises US.
Certains participants au marché ont spéculé que la Fed pourrait vouloir se lancer dans des actifs plus risqués comme les actions et les obligations d'entreprises, bien qu'elle ait besoin de l'autorisation du Congrès pour le faire.
"Ce n'est pas une autorisation légale que nous recherchons", a-t-il déclaré.
Malgré l'ampleur de ses décisions, la Fed ne rassure pas
Enfin, on notera que les marchés ont mal réagi aux actions de la Fed, les futures sur le S&P 500 affichant actuellement une chute de près de 5%.
Cela s'explique en partie par le fait que la Fed ait avoué qu'elle ne peut plus faire grand chose de plus en excluant des taux négatif après avoir ramené son taux directeur à zéro...
De plus, les investisseurs doutent de plus en plus de la capacité de la politique monétaire à contrer les impacts économiques du coronavirus, alors qu'il est de plus en plus évident que la quasi totalité de l'économie mondiale sera plus ou moins à l'arrêt pour plusieurs semaines, quel que soit le niveau de disponibilité des liquidités ou les coûts d'emprunt...
Enfin, voir la Fed agir de façon aussi massive et précipitée que dimanche témoigne d'une certain panique au sein de la banque centrale, d'autant plus que sa réunion officielle du mois de mars était planifiée pour mercredi.