Investing.com - Rien ne préoccupe plus les gens que l'inflation, car lorsque les moyens de subsistance deviennent plus chers, il faut accepter de faire de plus en plus de concessions.
Les évolutions sur le marché des actions signalent certes que le spectre est bientôt terminé, mais le nombre de ceux qui affirment le contraire augmente. L'analyste de Rabobank Philip Marey fait remarquer que l'inflation dans la zone euro s'obstine à 5,3 pour cent. Pour l'Allemagne, les données publiées aujourd'hui indiquent même une valeur de 6,1 pour cent.
Son collègue de la Rabobank, Bas van Geffen, parle du fait qu'en Europe, on nie tout simplement la réalité, car personne ne veut admettre que les règles du jeu géopolitiques ont radicalement changé. Seul le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, est conscient du caractère dramatique de la situation.
Il a déclaré que les conditions générales de la politique étrangère avaient considérablement changé par rapport aux décennies précédentes. Les relations commerciales et les décisions d'investissement ne sont plus prises que sur la base de calculs géopolitiques. Dans le pire des cas, selon M. Habeck, l'Europe devra choisir entre la Chine et les États-Unis.
C'est cette situation inextricable qui rend impossible une lutte efficace contre l'inflation et qui nuit à l'économie, car les taux d'intérêt restent élevés et les problèmes de la chaîne d'approvisionnement s'aggravent.
L'analyste en énergie de Rabobank, Joe DeLaura, évoque un autre phénomène qui alimente l'inflation. Bien que les perspectives économiques aux États-Unis, en Europe et en Chine s'affaiblissent, les prix du pétrole et du gaz augmentent. Normalement, ils devraient baisser pendant une période de faiblesse économique. Comme cela ne se produit pas, on peut supposer qu'il y a un problème d'offre.
L'OPEP maintient ses réductions de production alors que les forages et l'exploration de nouveaux gisements de pétrole et de gaz sont en baisse. Au lieu d'augmenter l'offre, on se concentre sur la réduction de la demande et sur la promotion des énergies renouvelables solaires et éoliennes. Mais cela pourrait très vite se transformer en flop, comme l 'a expliqué Mike Shedlock.
Aux Etats-Unis, le gouvernement Biden met certes à disposition des centaines de milliards de dollars pour l'énergie verte par le biais de l'Inflation Reduction Act (IRA), mais cela ne conduit en aucun cas à un développement plus rapide. Le matériel et le personnel qualifié font tout simplement défaut.
Au lieu d'un développement accéléré, seuls les prix de la construction de parcs éoliens et solaires augmentent, ce qui se répercute finalement sur les prix de l'électricité et sur l'inflation de l'ensemble de l'économie.
Un rapport de la New York State Energy Research and Development Authority (Nyserda) révèle que les développeurs de grandes installations éoliennes offshore demandent déjà des prix en moyenne 48 pour cent plus élevés que ceux calculés à l'origine. L'Alliance for Clean Energy (NASDAQ :ICLN) NY se voit même confrontée à des coûts plus élevés de 64 pour cent pour ses 86 projets solaires et éoliens, comme l'écrit Shedlock.
Ces ajustements de prix font voler en éclats le rêve d'un avenir neutre en CO₂ avec de l'électricité verte soi-disant bon marché. À New York, le prix de cette électricité sera 2 à 5 fois plus cher que celui de l'électricité produite à partir de gaz naturel.
Ce dilemme se posera également en Europe. Et c'est sans compter sur le fait que la Chine resserre les cordons de la bourse pour l'approvisionnement de l'Occident en terres rares, essentielles pour les énergies renouvelables. En juillet, une loi a déjà été adoptée, interdisant les exportations sans autorisation gouvernementale.
L'époque de l'énergie bon marché est révolue et avec elle, l'ère des faibles taux d'inflation. Selon les prévisions optimistes de Robert Habeck, le prix de l'électricité sera en moyenne de 40,27 centimes d'euros le kWh en 2042, tandis que le prix du gaz sera en moyenne de 16,53 centimes d'euros le kWh en 2040.
Jürgen Karl, de l'université Friedrich-Alexander de Nuremberg-Erlangen, estime que le prix réaliste de l'électricité se situe plutôt entre 60 et 80 cents.
Joe DeLaura conclut ainsi :
Notre système politique et économique actuel semble se contenter d'attendre un magicien qui résoudra tout, tout en tirant sur les leviers inefficaces des taux d'intérêt. "Quelqu'un résoudra le problème, nous ne pouvons rien faire nous-mêmes", voilà ce que l'on entend ces derniers temps de la part de tous les gouvernements occidentaux.