Investing.com – Sans surprise, l'Iran a promis de vendredi des représailles à la suite de l'assassinat du plus haut commandant militaire du pays, le général de division Qasem Soleimani lors d’une opération spéciale américaine.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a averti vendredi que l'assassinat ciblé de Soleimani était « extrêmement dangereux » et a mis en garde contre une « escalade insensée », ajoutant que « les États-Unis sont responsables de toutes les conséquences de leur aventurisme malhonnête ».
De son côté, le ministre iranien de la Défense Amir Hatami, cité par l'agence de presse d'Etat IRNA a affirmé qu’ « une vengeance écrasante sera prise pour l'assassinat injuste de Soleimani », ajoutant : « Nous allons prendre une revanche sur tous ceux qui sont impliqués et responsables de son assassinat ».
Le président iranien Hassan Rouhani a quant à lui déclaré que sa mort rendra l'Iran "plus déterminé" dans sa résistance contre les Etats-Unis.
"Le martyre Soleimani rendra l'Iran plus déterminé pour résister à l'expansionnisme américain et pour défendre nos valeurs islamiques", a déclaré le président Rouhani à la télévision d'Etat, a rapporté l'agence Reuters. "Il ne fait aucun doute que l'Iran et les autres pays de la région en quête de liberté prendront leur revanche ".
Les analystes avertissent également qu'il y aura très certainement une réaction rapide de Téhéran.
"Les dirigeants iraniens sont fiers et acceptent de prendre des risques", a déclaré le Groupe Eurasie. "Nous nous attendons à ce que des affrontements de niveau modéré à faible durent au moins un mois et soient probablement limités à l'Irak. Les milices soutenues par l'Iran attaqueront les bases américaines et certains soldats américains seront tués ; les Etats-Unis riposteront par des frappes à l'intérieur de l'Irak", ont déclaré dans un rapport Henry Rome et Cliff Kupchan.
Ils prédisent toutefois que la réponse de Téhéran "ne sera pas à la hauteur de ce que nous considérons comme une guerre ", et ont ajouté que " les chances de guerre sont de 40 % ".
Les analystes d'Eurasia ont également déclaré que l'Iran va probablement "reprendre le harcèlement de la navigation commerciale dans le Golfe et pourrait lancer des exercices militaires pour perturber temporairement la navigation".
"Au-delà des représailles, le but ultime de l'Iran en Irak est de rendre non viable la présence américaine continue ", ont déclaré Rome et Kupchan. "Il est peu probable que l'Iran attaque immédiatement les infrastructures pétrolières saoudiennes ou émiraties ou les bases américaines en Arabie saoudite, aux EAU, à Bahreïn ou au Qatar. Ces mesures auraient pour effet d'unifier le Golfe contre Téhéran ; l'Iran ciblera donc plutôt sa colère contre Washington à court terme ", ont-ils estimé.
Enfin, on notera que l’impact de ces événements sur les marchés est très clair. Les bourses européennes s’affichent en baisse avec un recul de -0.51% pour le CAC 40 et de -1.35% pour le Dax allemand (également pénalisé par des chiffres du chômage décevants).
Les futures US sur le S&P 500 et le Dow Jones 30 sont également en baisse, de même que la paire EUR/USD, qui réagit souvent négativement à l’aversion pour le risque.
Notons également que l’or se démarque aussi, en hausse de près de 1.5% sur 24 heures sur un pic à 1550$ l’once, au plus haut depuis début septembre. Le pétrole, sans doute l'actif le plus concerné par ce dossier, a progressé jusqu'à 4% hier soir, et conserve un gain de 3.5% ce vendredi.