Par Laura Sanchez
Investing.com - Les banquiers centraux russes sont confrontés à la tâche difficile d'équilibrer les chocs d'approvisionnement et un ralentissement attendu des dépenses de consommation au cours des dernières semaines, alors que les sanctions internationales sévères tentent de mettre l'économie russe à genoux.
L'inflation en Russie a atteint 16,7 % en glissement annuel en mars, mais la banque centrale du pays (CBR) a réduit son taux d'intérêt de 20 % à 17 % au début du mois, afin d'atténuer l'impact des sanctions économiques.
Et ce, après les avoir plus que doublés (de 9,5 % à 20 %) à la fin du mois de février, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, lorsque le rouble a atteint des niveaux records.
La gouverneure de la CBR, Elvira Nabiullina, a répété que l'institution ne tenterait pas de contrôler l'inflation par quelque moyen que ce soit, car cela empêcherait les entreprises de s'adapter au nouvel environnement économique.
La Banque mondiale prévoit que le PIB de la Russie se contractera de 11 % cette année, ce qui pourrait porter un coup de 200 milliards de dollars à l'économie du pays, tandis que le Fonds monétaire international (FMI) s'attend à une contraction de 8,5 % en 2022 et de 2,3 % supplémentaires en 2023.
Le ministre russe de l'économie, Maxim Reshetnikov, a déclaré lors d'une réunion du gouvernement mardi qu'il s'attendait à un "ralentissement significatif" de la hausse des prix à la consommation, selon Reuters.
Outre la contraction de son économie, la Russie risque un défaut de paiement majeur sur sa dette extérieure si elle ne peut pas rembourser les détenteurs d'obligations en dollars, comme convenu dans les conditions de ses prêts, à la fin d'une période de grâce le 4 mai, selon les agences de notation Moody's et S&P.
"Tant que Poutine restera au pouvoir, la Russie restera un paria international pour les années à venir", déclare Timothy Ash, stratège souverain senior pour les marchés émergents chez Bluebay Asset Management, dans des propos repris par CNBC.
"Il restera en défaut de paiement sur ses dettes extérieures pendant des années, isolé des marchés de capitaux internationaux, privé d'investissements, de plus en plus coupé du commerce international et des affaires, coupé des chaînes d'approvisionnement en énergie et en matières premières de l'Occident, souffrant de récession et de stagnation, d'une baisse du niveau de vie et d'une fuite croissante des capitaux et des cerveaux", a-t-il déclaré.
Les marchés européens évoluent dans le vert mercredi, portés par la saison des résultats d'entreprises, mais sans perdre de vue les tensions de la guerre Russie-Ukraine.