PARIS (Reuters) - TotalEnergies a annoncé vendredi la vente à Novatek de sa participation de 49% dans le champ de gaz de Termokarstovoïe en Russie, mis en cause ces derniers jours par un article du Monde reprochant au groupe d'être impliqué dans la production de kérosène ravitaillant l'armée russe.
Le groupe français, contraint par la guerre en Ukraine et les sanctions internationales contre Moscou de reconsidérer sa présence et ses projets de développement en Russie, explique dans un communiqué que cette cession résulte d'un accord conclu le 18 juillet mais qui n'a été validé que jeudi par les autorités russes, "ce qui a permis à TotalEnergies et à Novatek de signer ce 26 août 2022 l'accord définitif de vente".
Cet accord définitif permet à TotalEnergies "de recouvrer les montants investis dans ce champ qui lui restent dus", ajoute le communiqué.
Interrogé par Reuters sur l'avenir de sa participation de 19,4% dans Novatek, le groupe dirigé par Patrick Pouyanné s'est refusé à tout commentaire.
"TotalEnergies est empêtrée dans ses contradictions : elle sait que Novatek ravitaille l'armée russe mais n’annonce pas retirer ses 19,4% de parts dans l’entreprise", souligne Greenpeace dans un communiqué.
"C'est pourtant ce que son devoir de vigilance lui imposerait face au risque que Novatek soutienne l’effort de guerre", poursuit l'ONG.
TotalEnergies a démenti à plusieurs reprises mercredi et jeudi les informations du Monde selon lesquelles il était impliqué dans la vente à la Russie de condensat de gaz, qui, une fois transformé en kérosène, a servi à ravitailler les avions de combat russes engagés en Ukraine.
Vendredi matin encore, le groupe avait expliqué que le kérosène dérivé des condensats de gaz issus du champ de Termokarstovoïe était "exclusivement exporté hors de Russie".
Le Monde, s'appuyant sur des informations de l'organisation non-gouvernementale Global Witness, dit pourtant avoir réussi à "retracer la chaîne d'approvisionnement qui mène du gisement de gaz de Termokarstovoïe, en Sibérie, jusqu'à deux bases aériennes militaires (Morozovskaïa et Malchevo) abritant chacune un escadron d'avions de combat multirôles".
Plus largement, TotalEnergies a été critiqué à plusieurs reprises depuis le début du conflit en Ukraine pour avoir fait le choix de maintenir une présence en Russie à la différence d'autres grands groupes du secteur comme Shell (AS:SHEL) et BP (LON:BP), qui ont cédé tous leurs actifs dans le pays.
Avant de se désengager de Termokarstovoïe, le groupe français avait cédé le mois dernier sa participation de 20% dans le projet pétrolier Kharyaga à Zarubezhneft (Zaroubejneft). Mais il participe encore à d'importants projets de gaz naturel liquéfié (GNL) en Russie, comme Yamal LNG et Artic LNG 2.
Il a inscrit dans ses comptes une provision de 3,5 milliards de dollars liée principalement à l'impact potentiel des sanctions internationales sur la valeur de ses parts dans Novatek. Un montant à comparer au bénéfice net de 9,8 milliards de dollars (autant d'euros) enregistré au deuxième trimestre, près de trois fois celui de la période correspondante de 2021.
(Rédigé par Marc Angrand, avec Tassilo Hummel, édité par Matthieu Protard)