La Chine a annoncé mercredi, à la veille du sommet du G20 à Séoul, une forte augmentation de son excédent commercial en octobre, un résultat qui risque d'accentuer les pressions sur Pékin pour qu'il laisse s'apprécier sa monnaie.
L'excédent commercial chinois a atteint 27,15 milliards de dollars, selon les douanes chinoises.
Ce résultat, qui survient après un excédent de 16,88 milliards de dollars en septembre, est annoncé à la veille du sommet du G20 de Séoul, qui doit se pencher sur la réduction des grands déséquilibres de l'économie mondiale et tenter d'éviter une "guerre des monnaies".
Les exportations chinoises ont progressé en octobre de 22,9 % sur un an à 135,98 milliards de dollars, tandis que les importations ont augmenté de 25,3% pour atteindre 108,83 milliards de dollars.
L'excédent commercial chinois, combiné avec l'annonce attendue mercredi d'un lourd déficit commercial aux Etats-Unis, va certainement alimenter les débats sur les déséquilibres des échanges, a estimé Brian Jackson, analyste de la Royal Bank of Canada.
"Le point le plus important est que cela va polariser la tension sur les disparités des balances commerciales", a-t-il déclaré.
A l'opposé, en Chine, l'excédent commercial devrait continuer à croître "en 2011 et à moyen terme", a prévenu début novembre la Banque mondiale.
"Le contraste va vraiment ressortir et cela va mettre davantage de pression sur la Chine pour qu'elle agisse davantage sur sa monnaie", a ajouté M. Jackson.
La Chine doit oeuvrer avec le G20 "pour rééquilibrer l'économie mondiale", a déclaré mercredi le Premier ministre britannique David Cameron, en visite officielle à Pékin.
Jason Xu, un analyste basé à Pékin pour la China International Capital Corporation, a aussi estimé que la pression sur Pékin allait se renforcer.
"L'excédent commercial a de nouveau grimpé juste avant des rendez-vous clés comme le G20. Cela va certainement augmenter la pression sur le yuan", a-t-il souligné.
La Chine est de plus en plus pressée depuis des mois par ses partenaires commerciaux de laisser s'apprécier sa monnaie par rapport au dollar. Ceux-ci font valoir que la faiblesse du yuan confère un avantage compétitif indu aux produits chinois.
Certains parlementaires américains jugent même le yuan sous-évalué de 20% à 40% par rapport au dollar.
Mais Pékin a catégoriquement, et de nombreuses fois, rejeté toute éventualité de réévaluation brutale de sa monnaie, affirmant que cela mettrait en péril ses industries exportatrices et des millions d'emplois.
Le yuan a toutefois gagné quelques points de pourcentage face au billet vert ces derniers mois.
"Le yuan va continuer à s'apprécier, surtout à cause de la faiblesse du dollar", a jugé mercredi Kevin Lai, un économiste de Daiwa Capital Markets, à Hong Kong.
Le président chinois Hu Jintao a, lui, estimé juste avant la réunion du G20 qu'une réforme du système financier international et une surveillance plus stricte des marchés financiers étaient "essentiels pour renforcer la reprise économique mondiale".
"Les fondations de la reprise ne sont pas assez solides et ses progrès ne sont pas bien répartis dans le monde. Nous avons donc de sérieux défis à relever", a déclaré M. Hu dans une interview au quotidien coréen Chosun.
Il a réclamé que les pays émergents et en développement puissent "mieux faire entendre leur voix dans les organisations financières internationales".
M. Hu s'est également prononcé contre toute forme de protectionnisme commercial en indiquant que son pays soutenait les négociations en cours à l'Organisation mondiale du commerce en vue d'un accord dans le round de Doha.