Les syndicats et la direction d'Airbus en France ont repris mardi après-midi des négociations cruciales pour éviter la reprise de la grève massive de la semaine passée, et au fil des heures la direction a relevé ses propositions d'augmentation des salaires à +2,5%.
Les discussions, engagées à 15h30 au coeur du site industriel toulousain de Saint-Martin, le plus important du groupe européen, ont été suspendues un moment en fin d'après-midi sur un constat de désaccord lorsque le vice-président chargé des ressources humaines, Thierry Baril, a relevé une première fois de +1,9% à +2,3% l'augmentation de salaires proposée aux non-cadres pour 2010.
"Nous ne sommes pas d'accord, c'est loin d'être bouclé", indiquait alors une source syndicale. Les cinq syndicats (FO, CFE-CGC, CGT, CFDT, CFTC), unis comme rarement, réclament depuis plusieurs semaines 3,5% d'augmentation.
Peu avant 21 heures, la direction a indiqué qu'elle proposait finalement un budget d'augmentations en hausse, de 2,5% (1% d'augmentation générale et 1,5% en augmentations individuelles) pour les non-cadres, plus une prime forfaitaire de 500 euros pour tous en mai, et une compensation "d'un éventuel dérapage de l'inflation".
Les syndicats, engagés en fin de soirée dans une deuxième réunion sur les augmentations des cadres (uniquement individuelles) n'étaient pas joignables.
Mais le principal syndicat, Force Ouvrière, a déjà annoncé qu'il consulterait ses adhérents mercredi sur les propositions de la direction. "On a créé beaucoup d'attente, on ne veut pas décevoir", déclarait alors son délégué Jean-François Knepper.
Comme avant la grève, la direction a mis la pression sur ses interlocuteurs en indiquant que ses propositions étaient "conditionnées par la signature d'un accord salarial". Si les syndicats ne signent pas "avant le week-end de l'Ascension", elle "reviendra unilatéralement" à une hausse de 2,3% avec 500 euros de prime forfaitaire.
Les 20.000 salariés d'Airbus à Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire se sont massivement associés la semaine dernière à cinq jours de grèves tournantes et au blocage du chargement et déchargement des avions cargos Beluga apportant les tronçons vers Toulouse, provoquant un début de paralysie des chaînes d'assemblage des A320, A330-340 et A380 à Toulouse.
Devant les conséquences du mouvement de grève, la direction a accepté de nouvelles discussions, tandis que les organisations syndicales suspendaient le mouvement, sans avoir déclenché une grève totale aux conséquences dramatiques.
"Le travail et les rotations de Beluga ont repris à un rythme soutenu", a indiqué mardi la direction, donnant acte de la réalité de la trêve.
Jean-François Knepper parlait avant la réunion de mardi de "négociation complexe, associant augmentation salariale, embauches indispensables face aux cadences de production, conditions de travail".
Sur l'emploi, les syndicats réclament toujours l'équilibre avec l'Allemagne et estiment trop générales les promesses concernant les établissements français.
Thierry Baril a aussi fait une ouverture sur ce plan mardi soir en précisant que 700 des 1.500 embauches prévues en Europe seraient réalisées sur les sites français, dont 250 ouvriers et techniciens, et il a annoncé la titularisation des salariés employés à titre "temporaire" depuis plus de 12 mois.
La direction a réaffirmé qu'elle était "attachée à la politique contractuelle". Un de ses porte-parole avait expliqué mardi matin que "la reprise du conflit serait très pénalisante pour l'entreprise et ses résultats financiers".
Airbus table sur un retour à l'équilibre en 2010, après une perte d'exploitation de 1,371 milliard d'euros en 2009.