Le candidat social-démocrate à la chancellerie allemande, Frank-Walter Steinmeier, distancé dans tous les sondages à moins de deux mois des élections, promet le plein emploi d'ici 2020, dans un pays frappé de plein fouet par la crise, rapporte la presse ce week-end.
M. Steinmeier devrait présenter lundi après-midi ses propositions pour montrer "comment l'Allemagne peut créer 4 millions d'emplois nouveaux dans la prochaine décennie avec une politique intelligente", rapporte le Spiegel à paraître lundi.
Les sociaux-démocrates, qui gouvernent actuellement au sein d'une coalition avec la chancelière conservatrice Angela Merkel, ambitionnent de créer deux millions d'emplois dans l'industrie, avec le développement des technologies propres, et environ un million dans le secteur de la santé, selon le Spiegel.
Au total, 3,46 millions de personnes étaient à la recherche d'un emploi en juillet en Allemagne, dont l'industrie est lourdement frappée par la crise, et des économistes s'attendent à 4,5 millions de chômeurs à la mi-2010.
Le ministre conservateur de l'Economie, Karl-Theodor von Guttenberg, a dénoncé dimanche les "promesses électorales" de M. Steinmeier.
Les gens "attendent avec raison des propositions concrètes. Et il y en a peu jusqu'ici au SPD", a-t-il déclaré à l'édition dominicale du quotidien Bild.
Oskar Lafontaine, le dirigeant du parti radical la Gauche, qui chasse sur les terres électorales du SPD, a estimé pour sa part que les sociaux-démocrates ont perdu leur crédibilité.
"Un parti qui a été au gouvernement pendant des années ne peut soudain prétendre: +J'ai la solution+" aux problèmes de l'emploi, a affirmé M. Lafontaine sur la chaîne de télévision ARD.
Le SPD, qui a enregistré son pire score à des élections européennes en juin avec 20,8% des voix, est distancé dans les sondages pour les élections législatives du 27 septembre par les partis des Unions chrétiennes (CDU-CSU) de Mme Merkel.
Selon un sondage de l'institut Forsa, publié mercredi, l'Union chrétienne est créditée de 38% des intentions de vote, contre 23% pour le SPD, et Mme Merkel pourrait être en mesure de former un gouvernement de coalition, comme elle le souhaite, avec les libéraux (FDP).
Selon un sondage de l'institut Emnid, publié à la mi-juillet, 80% des Allemands pensent que Mme Merkel sera réélue à son poste.
Les instituts de sondage estiment que le SPD a peu de chance de remonter suffisament la pente pour battre Mme Merkel.
Selon le patron de Forsa, Manfred Güllner, cité dimanche par le journal Welt am Sonntag, M. Steinmeier, qui n'est même pas député, n'a pas le prestige qui avait permis à l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, donné comme perdant, de revenir dans la course avant l'élection de 2005 et de finir à un point seulement derrière Mme Merkel.
A l'époque, le candidat SPD "était plus populaire que la concurrente Merkel. Aujourd'hui c'est le contraire", estime M. Güllner.
Selon Klaus-Peter Schöppner, patron d'Emnid, le SPD "n'a jusqu'à présent pas trouvé de thème porteur".
Et même le grand syndicat de l'industrie allemande, IG Metall, n'appellera pas à voter pour les sociaux-démocrates aux élections, a récemment indiqué son leader Berthold Huber.