Les commandes industrielles en Allemagne ont à nouveau reculé en septembre, de 3,3% sur un mois, selon un chiffre provisoire du ministère de l'Economie publié mardi, beaucoup plus mauvais qu'attendu par les analystes.
Les économistes du consensus Dow Jones Newswires comptaient en effet sur une baisse bien moins marquée, de 0,5%.
"Le recul actuel est le plus fort depuis exactement un an, lorsque l'escalade de la crise des dettes souveraines en zone euro avait pénalisé encore plus fortement la demande", a commenté Heinrich Bayer, analyste pour la banque allemande Postbank.
Le chiffre des commandes du mois d'août a lui été révisé en hausse: celles-ci ont baissé de 0,8% sur un mois, selon un chiffre définitif du ministère, contre une baisse estimée précédemment à 1,3%.
La demande industrielle a continué à se dégrader en septembre comme depuis plusieurs mois, à l'exception notable de juillet où elle avait enregistré un léger rebond de 0,3%.
Selon Heinrich Bayer, "ce déclin massif ne laisse présager rien de bon pour la publication (mercredi) des chiffres de la production en septembre. Une baisse significative est attendue".
L'économiste Christian Schulz, de la banque Berenberg, estimait toutefois que ce recul "ne doit pas être surinterprété. Les commandes industrielles sont très volatiles d'un mois à l'autre en raison du poids des grosses commandes".
"Le volume des grosses commandes s'est révélé une fois de plus inférieur à la moyenne" en septembre, a précisé le ministère de l'Economie dans un communiqué.
"Le recul des commandes est avant tout le résultat de la faible demande à l'étranger (-4,5%), en particulier en zone euro (-9,6%)", a-t-il ajouté. Même sur le marché intérieur allemand, les commandes industrielles ont aussi cédé 1,8%.
Dans le détail, les commandes en septembre ont diminué de 5% pour les produits intermédiaires, de 2,4% pour les biens d'équipement et de 1,7% pour les biens de consommation. A l'inverse, les producteurs de machines-outils ont tiré leur épingle du jeu avec une hausse de 11,1%.
Sur l'ensemble du troisième trimestre, la demande a baissé de 2,3%, lestée à la fois par la faiblesse des commandes intérieures et en provenance de l'étranger. Sur un an, elle a reculé en septembre de 4,7%, ajusté des effets de calendrier.
Alors que la zone euro risque de s'enfoncer dans la récession au quatrième trimestre, a averti mercredi le cabinet Markit qui publie l'indice PMI, après avoir mis en évidence que l'activité du secteur privé s'est de nouveau contractée en octobre dans la région, l'Allemagne risque aussi d'en pâtir.
"La faiblesse de l'environnement économique en zone euro, mais également dans le reste du monde, se répercute plus fortement qu'au premier semestre sur la demande de produits industriels allemands", a commenté le ministère de l'Economie, prévoyant des effets indirects sur la demande intérieure industrielle.
"La production industrielle devrait donc continuer à s'affaiblir dans les mois à venir", a-t-il souligné.
Selon Chris Williamson, analyste chez Markit, les nouvelles données publiées mardi par le ministère allemand de l'Economie sont plus proches de la réalité et montrent qu'il faut se méfier de tout mouvement d'optimisme.
Ce à quoi Christian Schultz ajoutait: "L'Allemagne devra miser d'avantage sur sa consommation intérieure et sur les investissements pour croître".