A l'instar de PSA Peugeot Citroën, Renault, l'autre poids lourd du secteur automobile français, a vu ses ventes mondiales plonger au premier semestre, malgré la prime à la casse qui a soutenu le marché en Europe.
Une chute de 16,5% des ventes (véhicules particuliers et utilitaires) pour Renault, annoncée vendredi, après une baisse de 14% pour PSA: les deux champions français de l'automobile sont frappés de plein fouet par la crise du secteur. Et aucune embellie n'est en vue avant 2011, selon les experts.
Contrairement à Renault, la baisse de 14% des ventes annoncée la semaine dernière par PSA intègre les pièces détachées. Pour les seuls véhicules montés, la chute atteint même 17,5%.
La part de marché du groupe Renault sur le plan mondial est restée stable à 3,7%. "On aurait pu espérer un peu mieux", avait reconnu vendredi dernier le patron de Renault, Carlos Ghosn, d'autant que le groupe a lancé une série de nouveaux modèles.
La baisse des ventes de Renault reflète la déprime générale du marché automobile mondial, en recul dans les mêmes proportions (-16,5%).
La bonne tenue de la filiale roumaine de Renault a permis d'atténuer la chute: les ventes mondiales de Dacia, qui fabrique la Logan, ont bondi de 20,3% au premier semestre, alors que celles de la marque Renault ont chuté de 21,5%.
Un chiffre inquiétant pour la marque Renault dans la mesure où cinq nouveaux modèles ont été lancés au premier semestre: Mégane Coupé, Mégane Estate, Grand Scénic, Scénic et Clio III phase 2.
Les primes gouvernementales ont cependant limité la casse en Europe, qui représente les deux tiers des ventes du groupe: dans un marché européen en baisse de 10,6% (véhicules particuliers), le groupe Renault a vu ses ventes reculer de 10,7%, mais sa part de marché est restée stable à 8,4%.
"Le marché européen devrait baisser cette année d'environ 7%, et sans la prime à la casse, il chuterait de 20%", a dit à l'AFP Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank.
Carlos Ghosn a déclaré récemment s'attendre à une année 2010 "aussi difficile" que 2009 pour le marché automobile en raison notamment de la fin programmée de la prime à la casse en vigueur dans une douzaine de pays européens.
Alors que l'Allemagne a exclu d'étendre ce dispositif bientôt épuisé car victime de son succès, la France envisage une réduction progressive sur un an de la prime au lieu d'un arrêt brutal le 31 décembre.
Pour Gaëtan Toulemonde, "le véritable enjeu n'est pas la France, mais le marché allemand", qui représente 800.000 des 1,5 million de vehicules vendus en Europe grâce à la prime. "Si la prime s'arrête, le marché va s'écrouler".
Les ventes de véhicules particuliers de Renault ont bondi de 47,6% en Allemagne au premier semestre, mais reculé de 1,9% en France.
Que les primes expirent fin 2009 ou en 2010, "les subventions qui maintiennent artificiellement les ventes, faussent le marché et ne font que repousser le problème des surcapacités" auquel doivent s'attaquer les constructeurs, commente Guillaume Mouren, analyste chez Xerfi.
La prime à la casse a largement profité aux petits modèles de Renault, comme la Twingo, la Clio, la Logan ou la Sandero. Mais ce ne sont pas des modèles qui dégagent le plus de marges.
Renault a annoncé avoir réalisé au premier semestre "une marge opérationnelle négative". Selon les analystes, ses comptes devraient plonger dans le rouge sur l'ensemble de l'année, après un bénéfice net de 571 millions d'euros dégagé en 2008.