Deux ans après l'éclatement de la crise financière, particuliers et professionnels rechignent à placer leur argent sur les marchés boursiers, jugeant les actions risquées et peu rémunératrices.
Les montants échangés sur le marché parisien restent très maigres depuis le début de l'année, signe que de nombreux investisseurs se tiennent à l'écart.
Depuis le 1er janvier, 4,1 milliards d'euros s'échangent en moyenne chaque jour à Paris, ce qui est un peu mieux qu'en 2009 mais reste inférieur d'environ 50% à 2008 et 2007, année où le CAC 40 a dépassé les 6.000 points.
Pour retrouver les niveaux de 2010, il faut remonter à 2004 et 2005, quand l'indice vedette évoluait, comme aujourd'hui entre 3.000 et 4.000 points.
Ces chiffres ignorent toutefois les échanges effectués sur les nouvelles plates-formes électroniques, souvent par l'intermédiaire de techniques sophistiquées, concurrentes des opérateurs historiques.
La présidente du régulateur boursier américain Mary Schapiro s'était inquiétée début septembre du fait que ces techniques ont fait fuir les investisseurs individuels, depuis le "krach-éclair" du 6 mai à Wall Street.
Or, les plus réticents à retrouver le chemin du marché sont les particuliers, d'autant que le CAC 40 a vu sa valeur fondre de moitié en 10 ans et perdre près de 6% depuis le 1er janvier.
"Les investisseurs particuliers sont encore choqués de la crise de 2008-2009", explique Fabien Vrignon, directeur Bourse du courtier Cortal Consors.
Selon les chiffres fournies par l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur les produits d'épargne (FCP ou SICAV), les encours en actions françaises sont fin juillet 2010 au même niveau que fin 2008 et deux fois inférieurs à fin 2007. En revanche, les fonds placés en obligations ont nettement progressé, signe que les investisseurs recherchent des placements alternatifs.
Certains particuliers n'ont pourtant pas fait une croix sur les actions, notamment ceux qui se sont lancés dans l'analyse du marché depuis la crise.
"Les investisseurs les plus actifs ont désormais la maturité et une connaissance du marché qui leur permet de s'adapter", observe M. Vrignon.
Si les particuliers sont prudents, les professionnels se font également discrets, en particulier ceux qui doivent rendre des comptes à leurs clients sur le long terme, comme les investisseurs institutionnels et les assureurs, mais aussi, ce qui est nouveau, les fonds spéculatifs.
"Les investisseurs qui avaient un horizon plus court comme les hedge funds et les banques pour leurs arbitrages en compte propre ont eu tendance, avec un deuxième trimestre difficile, à réduire la taille de leur exposition sur le marché", commente Didier Bouvignies, directeur de la gestion chez Rothschild & Cie Gestion.
La pire des configurations pour les opérateurs est celle d'un marché hésitant, rappelle Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC.
"Pour que les investisseurs finaux reviennent, il faudra que le marché monte régulièrement", ajoute M. Bouvignies.
Les marchés boursiers, longtemps considérés comme toujours gagnants, ont pourtant déjà de quoi séduire, alors que les entreprises, fort de profits retrouvés, versent à leurs actionnaires des dividendes plus que confortables.
"La rentabilité issue des dividendes touchés sur les actions est supérieure à pas mal d'obligations et des acteurs commencent à être inquiets d'une bulle obligataire", souligne Arnaud de Champvallier, directeur général de Turgot Asset Management.