Le groupe Safran, spécialisé dans les équipements d'aéronautique et de défense, va racheter l'américain L-1 Identity Solutions pour près d'un milliard de dollars, une nouvelle étape dans sa stratégie consistant à faire croître son activité dans la sécurité.
Safran a annoncé lundi l'acquisition de L-1 et de ses activités de biométrie, documents d'identité sécurisés et de services d'enrôlement (agréments pour certains métiers), pour un montant total en numéraire de 1,09 milliard de dollars, financé sur sa trésorerie.
Le britannique BAE Systems va de son côté racheter la quatrième activité de L-1, spécialisée dans la sécurité et le renseignement, pour 296 millions de dollars.
Avec cette acquisition, Safran se présente comme le numéro un mondial de la sécurité biométrique devant le japonais NEC et l'américain Cogent, dont le rachat a été annoncé fin août par 3M.
Le groupe français, issu de la fusion en 2005 du motoriste Snecma et de Sagem, réalise ainsi une nouvelle avancée dans sa volonté de développer son activité de sécurité, aux côtés de la propulsion et des équipements aéronautiques et de défense.
La sécurité représentera plus de 15% du chiffre d'affaires de Safran en 2011, lui permettant selon lui d'atteindre "rapidement" son objectif de réaliser 20% de ses ventes dans ce secteur d'activité en pleine croissance.
Safran met en avant la complémentarité technologique et géographique avec les activité de L-1, particulièrement bien implantées aux Etats-Unis.
"C'est une bonne acquisition. Ce n'est pas donné mais il y a de réelles complémentarités", juge un analyste parisien. En effet, L-1 offre à Safran l'accès à l'important marché américain et à certaines technologies comme la reconnaissance de l'iris de l'oeil et du visage.
"La complémentarité des activités entre les deux groupes est certaine. Et permettra de renforcer le leadership de Safran dans les solutions de sécurité biométrique", estime aussi le CM-CIC dans une note.
Le marché a salué l'opération, dont Safran espère dégager 30 millions de dollars par an de synergies opérationnelles. A la Bourse de Paris, le titre du groupe progressait de 4,18% à 20,19 euros vers 10H30 GMT dans un marché en hausse de 0,99%.
Pour être à la hauteur de ses ambitions, Safran a déjà réalisé plusieurs acquisitions dans la sécurité.
Il a récemment acheté une filiale du conglomérat américain General Electric (GE), GE Homeland Protection, spécialisée dans la sécurité aéroportuaire, ainsi que les activités biométriques de l'équipementier américain de télécoms Motorola au travers de la société Printrak.
La direction de Safran laisse désormais entendre qu'elle n'envisage plus de nouvelle acquisition dans le secteur. Elle a en revanche indiqué avoir toujours les moyens d'acheter l'équipementier aéronautique français Zodiac si l'occasion se présentait.
"D'un point de vue financier, il n'y a aucune raison que l'achat de L-1 puisse impacter notre capacité à agir vis-à-vis de Zodiac", a assuré le président du directoire de Safran Jean-Paul Herteman lors d'une conférence téléphonique.
Il a redit son intérêt pour un rapprochement entre les deux groupes même si, selon lui, "il y a une vie en dehors de Zodiac".
Les principales familles actionnaires de Zodiac ont signé vendredi une convention d’incessibilité de leurs titres, qui éloigne ainsi la possibilité d'une offre inamicale.
Dans un tout autre domaine, un accord de principe a par ailleurs été trouvé récemment pour la reprise par Safran de SNPE Matériaux énergétiques (SME), filiale du groupe public SNPE spécialisée dans la propulsion des fusées et des missiles.