L'Allemagne devrait ramener son déficit public sous les 3% du PIB dès 2011, longtemps avant ses partenaires européens, grâce notamment à une croissance record cette année depuis la Réunification de 3,5%, selon un rapport de référence des principaux instituts de conjoncture paru jeudi.
Jusqu'à présent, Berlin tablait sur un retour en 2012 de son déficit public dans les clous du Pacte de stabilité, soit sous les 3% du Produit intérieur brut (PIB).
Mais la mission pourrait être accomplie dès 2011, avec un déficit à 2,7% du PIB, après 3,8% en 2010, selon ce rapport dont les prévisions, parmi d'autres, servent au gouvernement à forger les siennes.
L'Allemagne s'illustrerait ainsi comme l'une des plus vertueuse en terme de discipline budgétaire en Europe et au-delà.
Seuls deux autres pays de la zone euro pour l'instant, la Finlande et le Luxembourg, prévoient un déficit sous la barre des 3% en 2011.
"L'Allemagne prend les devants en Europe" dans la réduction des déficits, et "montre ainsi la voie aux autres pays", a estimé Lothar Hessler, économiste à la banque HSBC Trinkaus, joint par l'AFP.
A titre de comparaison, la France attend 6% de déficit public en 2011, soit plus du double de son voisin, l'Espagne 6% également et l'Italie 3,9%.
Hors zone euro, la Grande-Bretagne table sur un déficit de 10,1% en 2010.
Les caisses publiques allemandes profitent du plan de rigueur du gouvernement, mais aussi de la fin du plan de relance et d'un rythme de croissance à faire pâlir d'envie nombre de ses voisins.
"Le déficit budgétaire devrait se résorber grâce aux mesures de consolidation budgétaire, à la fin des mesures des programmes de stimulation économique, mais également en raison de la conjoncture", ont indiqué les instituts (Ifo, KOF, IFW, ZEW, IFW, Kiel Economics, RWI, IHS Wien) dans leur rapport.
De plus, le nombre des chômeurs pourrait passer en 2011 sous la barre des 3 millions, pour la première fois depuis 1992, favorisant la consommation.
Le PIB de la première économie européenne devrait connaître en 2010 une croissance de 3,5%, niveau jamais enregistré depuis 20 ans, avant de ralentir.
L'indice Dax des 30 principaux groupes allemands, dont Volkswagen, ThyssenKrupp ou BMW, témoigne de cette vigueur : il s'est redressé bien plus vite que les autres indices européens et a retrouvé cette semaine son niveau d'il y a deux ans.
La croissance économique a commencé à ralentir, mais s'établira tout de même à 2% en 2011, selon les instituts.
Les exportations devraient souffrir du ralentissement du commerce mondial, mais la consommation des ménages, talon d'Achille traditionnel de l'Allemagne, et l'investissement des entreprises, "connaissent une hausse sensible".
Contrairement à ses voisins, l'Allemagne "n'a pas connu de bulle immobilière", a aussi souligné Simon Jünker, économiste à la Commerzbank.
"Ses produits sont très demandés dans les pays émergeants" et elle a joué la modération salariale pour rester compétitive, observe-t-il.
En déplacement au Japon, après deux jours en Chine, le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle a estimé que le rapport "confirmait l'appréciation du gouvernement, qui est que nous sommes dans une phase de croissance solide". "La reprise en format XL continue", a-t-il dit.
Berlin doit actualiser le 21 octobre sa propre prévision de croissance, fixée à 1,4% en 2010 pour le moment.