Plus de 2.500 stations-service étaient en panne sèche lundi soir du fait du conflit sur les retraites, ce qui a poussé le gouvernement à activer un centre interministériel de crise (CIC) et à reconnaître des "tensions d'approvisionnement" dans plusieurs départements.
A l'issue d'une réunion de ce CIC, le ministère de l'Intérieur a annoncé en fin de soirée la mise en route d'un "plan d'acheminement" de ces carburants vers les départements concernés dès mardi.
Au total, plus de 2.500 stations, sur les 12.500 du pays, étaient en pénurie lundi soir, selon les informations recueillies par l'AFP auprès des distributeurs. La Normandie et l'ouest de la France sont les régions les plus touchées. Le manque d'essence à la pompe affecte particulièrement la grande distribution et les stations rurales.
Environ 1.000 à 1.500 des 4.800 stations gérées par Casino, Carrefour, Auchan, Cora, Leclerc et Intermarché sont "en rupture d'un produit (ndlr, essence ou gasoil) ou totalement à sec", a déclaré à l'AFP Alexandre de Benoist, délégué général de l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP, grande distribution). Carrefour a fait état de 300 stations "en rupture totale de carburant", soit un quart de son réseau de 1.246 pompes, et estimé que le "risque de pénurie" est "réel".
Sur l'ensemble de la France, "on est largement au-dessus des 2.000 stations touchées" au total, a déclaré un porte-parole des distributeurs indépendants de la FF3C (Fédération française des carburants, combustibles et chauffage), qui disent compter "au moins autant de stations touchées" que les hypermarchés.
La situation, "qu'il faut bien appeler pénurie", est "extrêmement préoccupante", a estimé la FF3C.
Du côté des compagnies pétrolières, Total fait état de "650 stations en rupture de plusieurs produits".
En agrégeant ces chiffres, le nombre de stations en manque de carburant dépasse 2.600. Seule l'Union française des industries pétrolières (Ufip) s'en tient à un chiffre inférieur "de 1.000 à 1.500 stations".
Pour autant, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que la France, qui a commencé de puiser dans ses réserves, disposait de "stocks suffisants".
"Les dépôts de carburant sont pris en otage dans un conflit politique, on instrumentalise le carburant", a dénoncé Michel-Edouard Leclerc. "Au rythme des approvisionnements actuels, il n'y en aura plus d'ici la fin de la semaine", s'est-il inquiété pour les stations de son groupe.
Après la réunion du CIC lundi soir, le ministère de l'Intérieur a admis que "sous l'effet d'achats de précaution et de difficultés d'acheminement liés aux mouvements sociaux, des tensions d'approvisionnement sont constatées dans plusieurs départements".
Alors que les 12 raffineries de l'Hexagone, paralysées par les grèves, sont toutes à l'arrêt ou en cours d'arrêt, l'accès aux dépôts de carburants reste le noeud du problème.
"Parallèlement aux déblocages des dépôts pétroliers, un plan d'acheminement des carburants sera mis en oeuvre, dès la journée de demain (mardi, Ndlr), en étroite liaison avec les professionnels de la distribution, afin d'approvisionner les départements les plus concernés", a encore dit l'Intérieur
Parmi les régions les plus touchées, Total a mentionné la Normandie et le centre-ouest de la France, notamment les régions du Mans et de Tours.
Dans la grande distribution, c'est le grand Ouest de la France qui souffre le plus, selon l'UIP.
Très implantés en milieu rural, les indépendants ont aussi localisé les principaux points rouges en Normandie, mais leurs stations de Champagne, Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Auvergne et Limousin sont également affectées.